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mercredi, 21 mai 2014

L'hommage à Dominique Venner

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Pierre Le Vigan

L'hommage à Dominique Venner

La considérable affluence au colloque Dominique Venner (plus de 500 personnes à la Maison de la Chimie ce 17 mai), la qualité des interventions à la tribune laisse entrevoir un mouvement de sursum corda mais aussi de sursum ratio. « Elévation des cœurs, et élévation de notre raison. Par un acte en apparence irrationnel, mais en fait logique, Dominique Venner a ouvert une voie : celle du sacré, celle, aussi, de la hauteur de vue. La hauteur de vue n’est pas l’indifférence, elle n’est pas le refus de s’engager, elle est la froideur dans la perception des enjeux, qui va volontiers avec la chaleur de la camaraderie. La mort sacrificielle de Dominique Venner, il y a un an, à Notre-Dame de Paris, a précisément ce sens précis : ouvrir un espace du sacré. Ce que croyait précieux Dominique Venner ce n’était ni la droite ni la gauche, c’était la France et l’Europe comme civilisation, c’était le sens même de ce que patrie veut dire, et de ce qu’honneur veut dire. Car l’honneur, en un sens, c’est toujours filiation et transmission. Or, c’est tout cela, avec l’effacement du sens, avec le relativisme généralisé, avec le changement de peuple par l’immigration de masse, qui est mis à bat par la modernité ravageuse. Et par une politique criminelle, celle du mondialisme comme système à tuer les peuples. Changer notre peuple dans sa composition ethnique et culturelle pour tuer toute notion de peuple, dépolitiser tout pour ne laisser que la table rase du turbocapitalisme se déployant sur fond de grand marché universel, avec des hommes interchangeables, et d’ailleurs interchangés et inter-échangés, sans passé, sans héritage, sans histoire, et donc sans avenir. Avec un seul présent : celui de consommateur et de producteur. Avec des femmes louant leur ventre, et des hommes vendant leur sperme. Voilà le monde dont Venner ne voulait pas. Sain refus. Mais aussi portait-il une grande espérance, la lueur d’un autre monde possible, poétique, fort, tragique, noble, plein des exemples héroïques qui agrandissent nos petites vies pour leur donner un souffle, une ampleur, une dimension mythique. Nous ne guérirons jamais de Dominique Venner, et c’est pour cela que nous resterons vivants.

PLV

Pierre Le Vigan, écrivain, philosophe, vient de publier L’effacement du politique. La philosophie politique et la genèse de l’impuissance de l’Europe, la barque d’or, labarquedor@hotmail.fr, 15 €.

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mardi, 20 mai 2014

Elementos 67, 68 & 69

ELEMENTOS Nº 69. EL MITO DEL FASCISMO: REVISIONES E INTERPRETACIONES (TRILOGÍA VOL. III
 
 

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Sumario

Interpretar el fascismo. Notas sobre George L. Mosse, Zeev Sternhell y Emilio Gentile, por Enzo Traverso
 
El misterio del fascismo, por David Ramsay Steele
 
El fascismo en positivo. Zeev Sternhell y la controversia en torno a un enigma, por Alvaro Ferrary
 
La ideología del fascismo entre pasado y presente, por Franco Savarino
 
El nacimiento de la ideología fascista, por Zeev Sternhell
 
Los rostros del fascismo, por Pedro Carlos González Cuevas
 
La revolución fascista, por Franco Savarino
 
Redefinición de fascismo, por Daniel Miguel López Rodríguez
 
 
Fascismo y modernismo, por Stanley G. Payne
 
Modernismo y fascismo, por Cecilia Morán
 
Impostores: Roger Griffin y el fascismo, por Jaume Farrerons

ELEMENTOS Nº 68. EL MITO DEL FASCISMO: REVISIONES E INTERPRETACIONES (TRILOGÍA VOL. II)

 



Sumario

La esencia del Fascismo como fenómeno europeo, por Giorgio Locchi,

El Fascismo nace a la Izquierda, por Erwin Robertson

Teorías del fascismo, por Stanley G. Payne

El Fascismo: Sindicalismo, Futurismo, Nacionalismo, por Ernesto Milá

Falange: Partido Fascista, por José Luis Jerez- Riesco

Para acabar con el Fascismo: Europa después del Fascismo, por Rodrigo Agulló

Julius Evola y la crítica al Fascismo, por José Luis Ontiveros

Las concepciones nucleares, axiomas e ideas-fuerza del Fascismo, por Joan Antón-Mellón

La idea marxista sobre la “esencia” fascista en el liberalismo, por Aníbal Romero

Fascismo revolucionario. Evolución del fascismo hacia la expansión ideológica exterior, por Erik Norling

El fascismo genérico. Hacia una comprensión histórica del fascismo, por Stanley G. Payne
 

ELEMENTOS Nº 67. EL MITO DEL FASCISMO: REVISIONES E INTERPRETACIONES (TRILOGÍA VOL. I)

 
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Sumario


¿Qué es el fascismo?, por Stanley G. Payne


La esencia del fascismo por Giorgio Locchi


El pensamiento mítico del Fascismo, por José Luis Monereo Pérez


El Fascismo visto desde la Derecha, por Julius Evola


El tiempo de los sargentos y de los poetas. Gabriele D’Annunzio y los orígenes del fascismo, por Adriano Erriguel


Una revisión del Fascismo: la corriente Evoliana o Tradicionalista, por Ernesto Milá


Sobre la interpretación del Fascismo por Ernst Nolte, por François Furet


Modernidad y Fascismo, por Roger Griffin


¿Fascismo en España?, por José Javier Esparza


Psicopatología del antifascismo. Análisis de una enfermedad del alma, por Ernesto Milá


Fascismo y Nazismo como Ideologías Míticas, por Aníbal Romero

 

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lundi, 19 mai 2014

Terre & Peuple: pourquoi l'Eurasie?

59couv.jpgLe numéro 59 de TERRE & PEUPLE Magazine est centré autour du thème mobilisateur Pourquoi l'Eurasie ?

Communication de "Terre & Peuple-Wallonie"

Dans éditorial sur 'le communautarisme identitaire', Pierre Vial évoquant les communautarismes qui déchirent l'Afrique, constate l'échec total de la 'nation arc-en-ciel, promise par Mandela à l'Afrique-du-Sud.  Entre temps, le reste de l'Afrique s'explique à la kalachnikov.

Ouvrant le dossier sur l'Eurasie, Pierre Vial souligne les incohérences de la pensée d'Alexandre Douguine, porte-voix de l'eurasisme que relaye Alain de Benoist.  Poutine en a fait la promotion pour étayer la dimension continentale de son ambition patriotique.  Comme ce projet tend à légitimer le métissage, nous adoptons de préférence le mythe mobilisateur du réveil des peuples blancs de l'Eurosibérie.  Une raison de plus pour une présentation objective du concept d'Eurasie.

Robert Dragan fait le relevé des peuplements européens en Asie et mesure l'entité géographique, dominée par des Européens, qui déborde sur l'Asie.  Les archéologues révèlent la présence, dès -3500AC, dans l'Altaï mongol d'une culture identique à celle, plus récente, des Kourganes, pratiquée par des dolichocéphales de race blanche.  Plus près de nous (-1500AC), les Tokhariens du Tarim (ouest de la Chine) étaient des Indo-Européens blonds, qui parlaient une langue de type scandinave et tissaient des tartans écossais.  Strabon et Ptolémée les citent.  Au début de notre ère, les Scythes qui occupaient l'ouest sibérien avaient détaché vers le Caucase la branche des Alains, qui y subsistent de nos jours sous le nom d'Ossètes.  A l'ère chrétienne, le mouvement va s'inverser avec les migrations des Huns,  Alains, Wisigoths, Petchénègues et Tatars.  Jusqu'à ce que, au XIIe siècle, Gengis Kahn et ses descendants dominent la Russie.  Jusqu'à ce que, au XVIe siècle, les tsars, à la suite d'Ivan le Terrible, se dotent d'une armée disciplinée.  La reconquête reposera sur l'institution de la caste guerrière des cosaques, hommes libres, notamment d'impôt.  Cavaliers voltigeant aux frontières, ils renouent avec une tradition ancestrale.  Après qu'ils se soient emparés de Kazan, capitale des Tatars, des pionniers ont pu s'enfoncer au delà de la Volga dans les profondeurs sibériennes.  Chercheurs d'or mou (les fourrures), ils y ont établi des forts et des comptoirs commerciaux.  Réfractaires à la réforme liturgique et persécutés, les Vieux Croyants s'y sont enfuis pour fonder des colonies.  Les Russes ne sont alors en Sibérie que des minorités infimes ( 200.000 au XVIIe siècle), sauf dans le Kazakhstan, mais dominantes. Le Transsibérien (1888-1904) va provoquer une expansion explosive : les comptoirs deviennent des métropoles. La Sibérie compte aujourd'hui quarante millions d'habitants, dont 94% de Russes, 1% d'Allemands et 0,02% de Juifs.  A l'égard des îlots d'asiates, Poutine se comporte comme l'a fait la Grande Catherine II, dans le respect de leur identité culturelle et religieuse.  La seule inquiétude vient de l'immigration incontrôlée des Chinois, qui s'insinuent dans le commerce de détail et l'artisanat.  Le projet d'une Eurosibérie, enthousiasmant pour un Européen de l'Ouest, éveille la méfiance en Russie, qui n'a pas oublié les envahisseurs polonais, suédois, teutoniques, autrichiens, prussien et français.  Comment se confondre avec un Occident qui l'a constamment trahi ?

Alain Cagnat s'autorise de Vladimir Volkoff pour remarquer qu'il existe sur 180° de la circonférence terrestre une terre peuplée majoritairement de Blancs marqués par le christianisme.  L'Europe n'est qu'une minuscule péninsule à l'ouest de l'Eurasie.  Mise à part l'île britannique, hantée par son obsession séculaire de tenir les mers et d'entretenir la division du continent, depuis que Mackinder l'a convaincue que « Qui tient le Heartland tient le monde ».  La puissance anglo-saxonne vise à contrôler la mer et le commerce et par là la richesse du monde.  Elle a gagné les deux guerres mondiales, qui ont consacré la castration des puissances européennes et la partition du continent, en un Occident 'libre' et une 'tyrannie'.  L'implosion inespérée de celle-ci, en 1990, a évacué la hantise d'un holocauste nucléaire.  L'Occident s'identifie alors à un monde américanisé et globalisé, tueur des peuples, à remplacer désormais par un 'village-monde' d'heureux consommateurs crétinisés.  La Russie et la Chine ne se laissent pas séduire, pas plus que l'Iran ni le monde arabo-sunnite.  Les Etats-Unis organisent alors leur 'Containment'.   Par les révolutions de couleur, orchestrées par les ONG de la démocratie et des Droits de l'Homme, et par l'extension de l'Union européenne et de l'Otan.  Par des opérations de déstabilisation de Poutine et par un bouclier antimissile, censé protéger contre une agression de l'Iran !  La Chine fait l'objet d'un encerclement maritime.  L'Union européenne, géant économique, mais nain politique et larve militaire, n'est plus qu'une banlieue des Etats-Unis.  Elle n'en demeure pas moins le seul cadre possible pour notre idée d'empire.  Poutine n'a-t-il pas dit : « La Grande Europe de l'Atlantique à l'Oural, et de fait jusqu'au Pacifique, est une chance pour tous les peuples du continent. »   Moscou se voit comme la Troisième Rome et la gardienne de l'orthodoxie chrétienne.  Mais les Russes sont d'opinions partagées.  Il y a les occidentalistes, prêts à moderniser la Russie millénaire.  Il y a les slavophiles, férus du mysticisme de l'âme slave, qui avec Soljenitsine méprisent volontiers le pourrissoir occidental.  Il y a les eurasistes, qui avec Douguine jugent que l'Europe n'a pas à s'intégrer à l'Eurasie.  L'empire eurasiste est multiethnique.  Il place les autres peuples au même rang que les Russes et juge les autres religions égales à l'orthodoxie.  En conclusion : l'Europe doit revoir sa stratégie et renverser ses alliances.  Elle dépend des Russes pour un quart de son pétrole et un tiers de son gaz et 80% des investissements étrangers en Russie sont européens.  En dressant un nouveau Rideau de Fer, l'Union européenne fracasse sur l'autel de l'utopie mondialiste américaine le rêve de l'unité européenne.  Celle-ci devrait, de préférence, ne pas se réaliser dans l'orientation eurasiste grand-russe d'un mélange des races et des ethnies européennes et asiatiques, mais dans celle d'un axe Paris-Berlin-Moscou du continent uni sous l'hégémonie pan-européenne.

Jean-Patrick Arteault attend des élections européennes que l'Union européenne voie  punies ses trahisons et son partenariat avec une finance apatride qui s'auto-désigne comme l'Occident.  Le but des vrais Européens est d'acquérir la puissance d'assurer à leurs peuples leur développement culturel et social.  Il est acquis qu'ils ont perdu la guerre et que leur 'Père-Fondateur' Jean Monet s'est révélé être l'homme des Américains, familier des mondialistes anglo-américains.  L'UE s'affaire à la mise en place du Grand Marché transatlantique, base du futur Etat occidental qui confirmera une domination anglo-saxonne irréversible. C'est la réalisation de grand projet de Cecil Rhodes et de Milner.  Ce GMT alignera les normes européennes sur les normes américaines,  en toutes matières, tant de sécurité que sanitaire, environnementale, sociale, financière.  2014 doit être le tournant de la nouvelle Guerre Froide,  nourrie de deux visions géopolitiques antagonistes : le projet mondialiste de l'Occident et le projet d'Union eurasiatique de Poutine, lequel souhaitait y inclure l'Ukraine.  L'eurasisme russe est divisé entre Occidentalistes, partisans du modernisme, et Slavophiles, réfractaires aux Lumières occidentales et qui voient la vraie Russie dans la synthèse de la slavité médiévale et d'une Eglise orthodoxe qui a médiatisé l'apport des Grecs. Pour les slavophiles, c'est le lieu d'enracinement qui est finalement décisif, le Boden pesant alors plus que le Blut.  Poutine a entre temps mis sur pied l'Organisation du traité de sécurité collective, pour la défense mutuelle de la Russie, de la Biélorussie, de l'Arménie, du Kazakhstan, du Kirghizistan, de l'Ouzbékistan et du Tadjikistan.  En regard de l'idée eurasiste, le concept d'Eurosibérie a été forgé en 2006 par Guillaume Faye et Pierre Vial en réponse à ce que Carl Schmidt appelle un « cas d'urgence », l'affrontement des peuples blancs à tous les autres.  C'est le mythe mobilisateur d'un empire confédéral, ethniquement homogène et autarcique, avec la Russie au centre.

Roberto Fiorini dénonce la trahison de l'Union européenne, qui s'attaque aux revenus du travail salarié, en violation de son objectif originel, qui est, aux termes du Traité de Rome, l'amélioration des conditions de vie des travailleurs, en évitant notamment des zones pauvres à chômage élevé et à salaires bas, qui incitent à délocaliser les activités, à mettre les salariés en compétition.  Le ré-équilibrage des régions est un échec et l'Acte Unique de 1986 a ouvert la libre circulation des personnes et des capitaux, premier pas vers la mondialisation.  La compétition des salaires introduit l'abandon de leur indexation.  Dès 1994, l'OCDE prônait la flexibilité des salaires, la réduction de la sécurité de l'emploi et la réforme de l'indemnisation du chômage.  L'appauvrissement et la précarisation des ménages amorce une spirale infernale.  La BCE, gardienne du temple, veille par la modération salariale que l'inflation reste proche de zéro.  Les syndicats, qui ont accompagné le grand projet de mondialisation, sont rendus quasiment inefficaces et réduits à un simulacre d'opposition.  Au profit de multinationales, qui pillent sans contribuer.

Alexandre Delacour révèle que le nouvel OGM TC1507 est légalement commercialisé malgré une large opposition d'Etats membres (67%) et d'eurodéputés (61%), qui légalement devaient représenter 62% de la population de l'Union et n'en représentaient que 52,64% !  Paradoxalement, les petits pays sont moins dociles aux lobbies semenciers, qui mettent le monde agricole en servage, la santé publique en péril (la fertilité des spermatozoïdes des Européens en chute vertigineuse :-30%).

Claude Valsardieu poursuit son relevé des peuplements blancs hors d'Europe. Sur le flanc sud des forêts et toundras sibériennes, les Scytes et leur prédécesseurs les civilisations successives des Kourganes (IVe millénaire AC) de l'Ukraine à l'Altaï. La civilisation des oasis, dans le bassin du Tarim, et la civilisation de l'Indus (du IIe au IVe millénaire AC).  Ensuite, la désertification facilita l'installation d'Aryens et la nomadisation de hordes conquérantes vers l'ouest : Huns blancs d'Attila, Turcs blancs seldjoukides, Mongols de la Horde d'Or.  En Afrique septentrionale, à partir de 3000 AC, la seconde vague mégalithique pénètre en force en Méditerranée.  Qu'étaient les hommes du Sahara humide néolithique ? A la période des chasseurs ont succédé la période des pasteurs bovidiens et celle du cheval avec l'arrivée des Peuples de la Mer, dont l'écrasement par Ramsès III est célébré sur les bas-reliefs de Medinet Abou.

dimanche, 18 mai 2014

Entretien exclusif et inédit avec Dominique Venner


 

Découvrez un entretien exclusif et inédit

avec Dominique Venner

L’émission Itinéraire retrace le parcours d’hommes hors du commun lors de longs entretiens.

Le premier volet est consacré à l’historien Dominique Venner au travers d’une douzaine d’émissions d’une durée de 30 minutes chacune réalisées les 27 et 28 février 2013 et diffusées en ce moment sur TV Libertés pendant deux semaines .
Pour obtenir le coffret 4 DVD exclusif de l'ensemble des entretiens, commandez-le en exclusivité et en souscription avant dimanche 18 mai au prix exceptionnel de 29€ (+ 6€ de frais de port et d'emballage) contre 39€ prix public.

Pour se faire, cliquez-sur le bouton commander ci-dessous et régler de façon totalement sécurisée par Carte Bleue ou par Chèque.

Découvrez en exclusivité en cliquant sur l'image ci-contre les 30 premières minutes de ces instants uniques accordés par Dominique Venner quelques mois seulement avant sa disparition. Une disparition survenue il y a une année déjà et pour laquelle un colloque en son hommage est organisé, samedi 17 mai, à Paris.

Sur le nihilisme européen...

Sur le nihilisme européen...

Nous vous signalons la parution du septième numéro (Hiver 2014) de la belle revue Figures de proues, dirigée par Pierre Bagnuls. On y découvrira des textes choisis et une foule de citations sur le thème de l'Europe et du nihilisme européen, agrémentés par de superbes illustrations en couleurs. Du beau travail !

Il est possible de s'abonner ou de commander ce numéro (ainsi que les numéros précédents) sur le site de la revue : Figures de proues

Figures de proues 7.jpg

Au sommaire :

Éditorial

Europe - 9 novembre 1989: la cicatrice concentrationnaire fut
symboliquement refermée
par Pierre Bagnuls

L'auteur, la société, la liberté

La pensée remonte les fleuves par Charles-Ferdinand Ramuz

Figure

Face au soleil de minuit: un solstice d'été septentrional d'après Marc Augier, par Pierre Bagnuls

Hommage

En mémoire de Dominique Venner par Pierre Bagnuls

Les sources vives

Le nihilisme est devant la porte: d'où nous vient ce plus inquiétant de tous les hôtes? par Pierre Bagnuls

Textes fondateurs

Changement de paradigme et crise de la conscience européenne par Alexandre Koyré

Commencer avec le soleil par David Herbert Lawrence

Le monde paraît sans valeur par Friedrich Nietzsche

Fondements du nihilisme européen par Jean-Edouard Spenlé

Tout est venu à l'Europe et tout en est venu par Paul Valéry

Quels rêves a faits l'homme? par Paul Valéry

Ce que nous savons, ce que nous pouvons, a fini par s'opposer à ce que nous sommes par Paul Valéry

Texte dé-fondateur

Extraits des discours sur l'Europe de Julien Benda

Propos sur la dé-fondation européenne

Des dangers d'une intelligence désincarnée et inorganique:
le nihilisme en pensées et en actes
par Pierre Bagnuls

vendredi, 16 mai 2014

R. Steuckers: révolution conservatrice

robert steuckers,radio courtoisie,révolution conservatrice,livre,nouvelle droite,synergies européennes,allemagne,histoire

Pour écouter:

http://fortune.fdesouche.com/338897-robert-steuckers-la-revolution-conservatrice-allemande-1918-1923#more-338897

 

jeudi, 15 mai 2014

Dominique Venner: un fabuleux professeur d’énergie…

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Entretien avec Jean-Yves Le Gallou

Dominique Venner: un fabuleux professeur d’énergie…

Ex: http://www.voxnr.com

   

Jean-Yves Le Gallou, vous allez assister, samedi 17 mai à 14 h 30, au colloque consacré à Dominique Venner, à la Maison de la chimie à Paris à l’invitation de l’Association pour l’histoire. Expliquez-nous pourquoi…


Il y a un an, j’ai eu l’honneur, avec Bernard Lugan, Philippe Conrad et Fabrice Lesade, de partager avec Dominique Venner son dernier déjeuner. Je n’oublie pas l’accolade – l’abrazo – qu’il nous a donnée lorsqu’il est parti vers son destin. Ce sont des moments qui marquent un homme pour le restant de sa vie.

Que retenez-vous de Dominique Venner ?

Un grand écrivain. Un historien méditatif. Un professeur d’énergie.

Un grand écrivain ?

Dominique Venner était un merveilleux conteur. Son Dictionnaire amoureux de la chasse, notamment, est admirable. Je le dis avec d’autant plus de force que je ne suis pas moi-même chasseur. Mais on y trouve une formidable leçon sur les relations de l’homme à la nature, à l’animal et aux traditions.

Un historien méditatif ?

Dominique Venner a apporté un regard lumineux sur 30.000 ans d’histoire européenne dans Histoire et tradition des Européens. Avec lui, nous savons d’où nous venons. Et pourquoi nous devons refuser le grand effacement et le Grand Remplacement. « Les racines des civilisations ne disparaissent pas tant que n’a pas disparu le peuple qui en était la matrice. » Pour Dominique Venner, « l’historien méditatif […] [est] créateur de sens, éveilleur de rêves ».
Nous devons aussi à Dominique Venner Le Siècle de 1914, un livre, là aussi, d’une lumineuse clarté. En 1914, l’Europe est une société traditionnelle avec ses monarques et ses aristocrates, ses paysans et ses soldats, tous attachés à leur lignée et aux valeurs d’effort, de courage et d’honneur. Les combats de 1914 industrialisent la mort (80 % de tués par éclats d’obus) et la figure du héros cède la place à celle de la chair à canon. Les grands empires s’effondrent et le chaos s’installe au cœur de l’Europe.


Sur les ruines du monde ancien, quatre idéologies naissent et s’opposent. Le fascisme (que Dominique Venner distingue avec finesse du nazisme), le national–socialisme, le communisme et le wilsonisme, c’est-à-dire le mondialisme anglo-saxon, surgissent de ses décombres et s’affrontent. Les trois premières ont disparu. La quatrième est à bout de souffle. L’empire américain ne sera pas éternel et l’Europe sortira de sa « dormition ».

Reste le professeur d’énergie…

Ce sera le thème du colloque (1) qui se tiendra samedi 17 mai à 14 h 30 sur le thème « Dominique Venner, écrivain et historien au cœur rebelle ». Cela correspond à la réédition de son très beau livre Le Cœur rebelle.

Voici quelques maximes extraites de l’œuvre de Dominique Venner, d’Un samouraï d’Occident, en particulier : « Exister, c’est combattre ce qui me nie », « Une action politique n’est pas concevable sans le préalable d’une mystique », « Être un insoumis : préférer se mettre le monde à dos que se mettre à plat ventre », « Être un insoumis : être à soi-même sa propre norme par rapport à une norme supérieure », « Être un insoumis : veiller à ne jamais guérir de sa jeunesse », « L’opposant radical doit puiser en lui-même ses justifications, affronter la réprobation générale, l’aversion du grand nombre et une répression sans éclat ». De belles leçons d’énergie, assurément !


Comment interpréter son geste sacrificiel ?

Dominique Venner s’en est expliqué lorsqu’il a déclaré (dans une vidéo aujourd’hui disponible), quelques semaines avant le 21 mai 2013 : « Il est parfois nécessaire que des hommes se sacrifient […], sacrifier sa vie, mettre sa vie en jeu, la sienne, pas celle des autres, sacrifier sa vie pour authentifier ses paroles, créer aussi peut-être un choc. » Ce propos du samouraï d’Occident éclaire aussi son geste : « Si l’emblème des samouraïs est la fleur de cerisier qui tombe avant d’être fanée, ce n’est pas un hasard. »

Vous comprenez cela ?

Oui, lorsque j’étais étudiant, j’ai eu deux « professeurs d’énergie » : Nietzsche et Barrès. Mais avec toujours un peu de gêne pour Barrès. Voilà un homme qui a chanté les valeurs héroïques et qui, à l’aube de la guerre de 1914, s’est engagé à… publier un éditorial par jour. Ce qui lui valut le méchant surnom de « rossignol des cimetières ». Certes, Barrès avait dépassé 50 ans et rien ne l’obligeait à partir sur le front. Mais Émile Driant, député, avait 59 ans en 1914. Il s’est néanmoins engagé et est mort en héros à la tête de ses chasseurs, au bois des Caures, en retardant de manière décisive l’avance allemande sur Verdun.

Je crois que Dominique Venner avait le souci de l’exemplarité, le souci de montrer que ses écrits n’étaient pas des paroles en l’air. C’est aussi pour cela qu’il a choisi de mourir en combattant, à 78 ans.


Un geste qui a pu choquer les catholiques…

Bien sûr. Je le comprends parfaitement. Mais j’ai été frappé par l’empathie qu’ont montrée beaucoup de mes amis catholiques en la circonstance. La difficulté et la force du geste n’ont échappé à personne. Elles ont souligné l’adéquation entre l’homme et l’œuvre. Le cœur rebelle est mort en insoumis. On lit désormais Dominique Venner avec plus de conviction encore : on a la certitude absolue de la vérité de l’homme.

 

notes

 

(1) http://www.dominiquevenner.fr/2014/04/colloque-dominique-venner-ecrivain-et-historien-au-coeur-rebelle-le-17-mai-2014-a-paris/

 

source

Boulevard Voltaire :: lien

mercredi, 07 mai 2014

A bâtons rompus avec Robert Steuckers

A bâtons rompus avec Robert Steuckers

Uccle, mai 2014

Par les animateurs du Cercle "L'Heure Asie"

( http://lheurasie.hautetfort.com )

lundi, 28 avril 2014

De conservatieve revolutie, Leuven 7 mei

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jeudi, 24 avril 2014

Vraie cause de la crise ukrainienne : la guerre économique

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Vraie cause de la crise ukrainienne : la guerre économique

par Guillaume Faye

Ex: http://www.gfaye.com

Les sanctions économiques stupides contre la Russie prises par les USA et l’Union européenne sont une énorme erreur qui va d’abord nuire à l’Europe et surtout… à la France. Elles sont un moyen pour Washington de casser le lien économique euro-russe en construction. Voilà les vraies raisons, économiques, de la crise ukrainienne, provoquée par l’Occident (USA et EU soumise) à son bénéfice.  

Les sanctions anti-russes (complètement contraires au droit international, par ailleurs) nuisent d’abord à l’économie russe, qui souffre de son manque de diversification et de sa trop grande dépendance du secteur énergétique pétrogazier, en favorisant une fuite des capitaux russes. La Banque centrale russe a déjà enregistré 50 milliards de dollars d’actifs désertant Moscou. (1)

 Les États-Unis poussent à l’accord de libre-échange avec l’UE, accord inégal qui les favorisera grandement, et que la Commission européenne n’ose pas contrecarrer. Leur but est d’éviter à tout prix  une zone de libre échange euro-russe incluant l’Ukraine, et la naissance d’un espace économique continental euro-russe qui pourrait marginaliser et affaiblir la position économique dominante américaine.

L’accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine, concocté par la Commission européenne sans mandat clair, fut la provocation  qui déclencha la crise actuelle (voir autres articles de ce blog). Cet accord était économiquement irréalisable, invivable, l’Ukraine n’étant même pas au niveau économique d’un pays émergent. Il violait des conventions passées entre la Russie et l’Ukraine. La crise fut déclenchée lorsque, sous pression du Kremlin, l’ancien pouvoir de Kiev revint en arrière et renonça à l’accord proposé par Bruxelles. Le nouveau pouvoir ukrainien russophobe par idéologie (illégitime au regard du droit international puisque issu d’un coup d’État) entend reprendre cet accord absurde avec l’UE. Les mesures russes de rétorsion contre l’Ukraine (fin du tarif gazier préférentiel et facturations rétroactives) semblent peut-être dures mais elles sont conformes à toutes les pratiques commerciales internationales, par exemple celles qui ont toujours été pratiquées par l’Opep – Organisation des pays exportateurs de pétrole.

Petit rappel historique : début 2012, une zone de libre échange euro-russe avait été programmée par Paris et Moscou, avec l’accord du gouvernement Sarkozy et du Kremlin, incluant l’Ukraine et la Communauté des États indépendants (CEI). Berlin était d’accord, vu que l’Allemagne est dépendante du gaz russe et investit énormément en Russie. Mais Washington et Londres étaient très inquiets, vieux réflexe géopolitique anglo-saxon. D’autant plus que la France avait passé des accords d’exportation de navires militaires de type BPC Mistral avec la marine russe, ce qui constitue pour l’Otan une entorse aux règles implicites, une ligne rouge à ne pas franchir.

La Russie était d’accord pour entrer dans l’Organisation mondiale du commerce en échange d’un partenariat privilégié avec l’UE.  Cet objectif est inacceptable pour Washington : en effet, les Américains exigent la signature de l’accord (inégal) de libre échange avec l’UE qui favorise tous leurs intérêts.

En décembre 2012, Manuel Barroso, président de la Commission européenne,  a rejeté la proposition de M. Poutine d’une zone de libre-échange euro-russe incluant l’Ukraine ; puis, il a proposé  à l’Ukraine de s’associer à l’UE pour une future adhésion, solution qu’il savait impossible. Mais Manuel Barroso, outrepassant ses fonctions et violant juridiquement son mandat, est-il un simple agent de Washington ? N’aurait-t-il pas volontairement provoqué la crise, afin de briser dans l’œuf une union économique euro-russe ?  

Les intérêts économiques européens en Russie  dépassent de très loin ceux des USA, ce qui dérange ces derniers. La moitié des investissements en Russie sont européens. Même proportion pour les exportations russes.

Les sanctions contre Moscou, décidées en fait à Washington et à Bruxelles – l’UE jouant le rôle peu reluisant de filiale des USA –  vont d’abord nuire aux investissements européens et français en Russie et à leurs exportations industrielles et de services. Les sanctions anti-russes risquent de mettre en péril non seulement les importations vitales de gaz russe mais de nombreuses participations françaises dans l’économie russe : industries ferroviaire, automobile, pharmaceutique, travaux publics, luxe, viticulture, aéronautique, agro-alimentaire, grande distribution, défense. Au moment même où la France a un besoin vital d’exporter pour rééquilibrer sa balance des paiements déficitaire et créer des emplois.

Le gouvernement socialiste français, dont la diplomatie est dirigée par l’atlantiste Laurent Fabius (qui n’a pas de doctrine précise à part la vacuité des ”Droits de l’homme”) a enterré la position gaullienne et indépendante de la France. Il s’est aligné, contre les intérêts de la France et de l’Europe (la vraie, pas celle de l’UE) sur la position de Washington. En réalité, Washington et l’UE ont instrumentalisé l’Ukraine au seul bénéfice des intérêts économiques américains.

Il existe un autre aspect fondamental : tout se passe, par ces sanctions économiques anti russes,  comme si Washington voulait créer une crise des approvisionnements gaziers russe en Europe, afin d’y substituer les exportations américaines de gaz de schiste liquéfié, nouvelle source d’énergie extrêmement juteuse pour l’économie américaine. 

 D’un point de vue géostratégique, l’axe Paris-Berlin-Moscou est le cauchemar  des milieux atlantistes, ainsi que son corollaire, un espace économique de complémentarité mutuelle ”eurosibérien”, ainsi qu’une coopération militaro-industrielle franco-russe. Le président russe a eu le tort pour Washington de vouloir esquisser cette politique.

C’est pourquoi la crise ukrainienne – latente depuis longtemps – a été instrumentalisée, entretenue, amplifiée par les réseaux washingtoniens (2) pour tuer dans l’œuf un grand partenariat économique et stratégique euro-russe. Pour découpler l’Europe de la Fédération de Russie.

N’en voulons pas aux USA et ne sombrons pas dans l’anti-américanisme dogmatique. Ils jouent leur carte dans le poker mondial. Seuls responsables : les Européens, qui sont trop mous, faibles, pusillanimes pour défendre leurs intérêts, qui laissent la Commission européenne  décider – illégalement – à leur place.  De Gaulle doit se retourner dans sa tombe.

Mais il n’est pas évident que cette stratégie de la tension avec la Russie et que cette réactivation de la guerre froide soient dans l’intérêt des USA eux-mêmes.  Car cette russophobie – qui prend prétexte du prétendu ”impérialisme” de M. Poutine (3), cette désignation implicite de la Russie comme ennemi principal ne sont pas intelligentes à long terme pour les Etats-Unis. Pour eux, le principal défi au XXIe siècle est la Chine, sur les plans économique, géopolitique et stratégique globaux. Pékin se frotte les mains de cette crise, en spectateur amusé.

Dans l’idéal, il reviendrait à la France et à l’Allemagne (négligeant le Royaume–Uni aligné sur les USA et la Pologne aveuglée par une russophobie émotionnelle et contre-productive) de négocier, seules, avec Moscou, un compromis sur la crise ukrainienne. En passant par dessus la technocratie bruxelloise qui usurpe la diplomatie européenne et qui, comme toujours, marque des buts contre le camp européen. On peut toujours rêver.   

Notes:

1. AFP, 15/04/2014

2. Barack Obama, qui est un président faible de caractère et indécis, ne voulait plus impliquer son pays dans les affaires européennes et russes, préférant se tourner vers l’Asie. Ce qui était réaliste. Mais il a dû s’incliner devant les lobbies qui ont toujours  dirigé la politique étrangère américaine, souvent plus pour le pire que pour le meilleur.

3. ”Impérialisme” minuscule face aux interventions armées des USA et de l’Otan (mais toujours pour la bonne cause) depuis la fin de l’URSS.

samedi, 19 avril 2014

Sommaire TP Mag n°59

Sommaire: "Terre & Peuple Magazine", n°59

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vendredi, 18 avril 2014

Syrie/Ukraine/OTAN : analyse géopolitique

Syrie/Ukraine/OTAN : analyse géopolitique Entretien avec Robert Steuckers

Merci au "Cercle des Volontaires" de Belgique:

http://www.cercledesvolontaires.fr/2014/04/18/syrie-ukrai...

 

Dans le cadre d’un sujet de mémoire d’une étudiante à Bruxelles, Robert Steuckers nous délivre une brillante analyse historique et géopolitique sur la Syrie et l’Ukraine.

Il est revenu sur les révolutions tunisienne et égyptienne ainsi que sur les tentatives de déstabilisation de ces pays. L’Algérie, dont le régime militaire socialiste tente de résister, est sans doute la prochaine tentative de déstabilisation en Afrique du Nord. La Syrie reste une particularité dans ce qu’on appelle le « printemps arabe » et Robert Steuckers expose le rôle de l’armée et du régime baassiste dans le fonctionnement du pays. Nous apprenons aussi que le cas de la Syrie et de la Crimée sont liés historiquement,  ce depuis le XIXe siècle, l’enjeu principal étant le contrôle de la Méditerranée orientale.

L’instrumentalisation d’un islam « radical » par le courant wahhabite dans le Caucase est aussi traité dans cet entretien, mais aussi le rôle que devait jouer l’Union Européenne dans la conférence de Genève II, ainsi que les réformes qui s’imposent dans le cadre des nominations des membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU.

Ce brillant exposé de Robert Steuckers nous permet de disséquer les enjeux qui se déroulent dans le bassin méditerranéen oriental et le Moyen-Orient.

Pour rappel, Robert Steuckers est une grande figure de ce qu’on appelle la « Nouvelle Droite », ancien membre du mouvement GRECE et fondateur du mouvement « Synergies européennes ».

A diffuser très largement.
E.I.Anass

jeudi, 17 avril 2014

La Révolution conservatrice allemande...

La Révolution conservatrice allemande...

Les éditions du Lore ont publié début avril un recueil de Robert Steuckers intitulé La Révolution conservatrice allemande - Biographie de ses principaux acteurs et textes choisis. Figure de ce qu'il est convenu d'appeler la Nouvelle Droite, Robert Steuckers a, à côté de ses activités de traducteur, animé plusieurs revues de qualité comme Orientations et Vouloir , et est un de ceux qui, avec Louis Dupeux, Giorgio Locchi, Thierry Mudry et Edouard Rix, a le plus contribué à faire connaître dans l'aire francophone cette galaxie d'auteurs, de groupes et de revues, actifs dans l'Allemagne de Weimar, qu'Armin Mohler a englobé sous l'appellation de Révolution conservatrice. Un ouvrage indispensable, et depuis longtemps attendu ! ...

L'ouvrage est disponible sur le site des éditions du Lore : Editions du Lore

 

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" Si la vulgate considère la Révolution conservatrice allemande comme un « laboratoire d’idées », il n’en demeure pas moins que cette dernière représente une extraordinaire aventure métapolitique qui inspire encore beaucoup d’idéologues, de philosophes et d’artistes aujourd’hui à travers le monde.

L’une de ses grandes figures, Arthur Moeller van den Bruck, proposa en son temps de penser un système politique qui succéderait au IIe Reich bismarko-wilhelminien au-delà des clivages gauche/droite, où les oppositions entre socialisme et nationalisme seraient sublimées en une synthèse nouvelle.

Dans ce recueil de grande densité, Robert Steuckers (ex-G.RE.C.E, Vouloir, Synergies Européennes) a regroupé la majorité de ses textes sur le sujet. Le lecteur y découvrira notamment les conférences pointues données par l’auteur entre 1994 et 2013 ainsi que diverses notices biographiques d’acteurs, illustres et moins connus, de la Révolution conservatrice allemande. "

 

Chroniques des Temps postmodernes...

Chroniques des Temps postmodernes...

Les éditions Avatar viennent de publier Chroniques des Temps postmodernes, un recueil de textes et d'entretiens de Tomislav Sunic. Intellectuel croate, ancien professeur de sciences politiques au Juniata college de Pennsylvannie et ancien diplomate, déjà auteur de nombreux ouvrages en langue anglaise et en langue croate, Tomislav Sunic a publié deux essais en France, Homo americanus (Akribéia, 2010) et La Croatie: un pays par défaut ? (Avatar Editions, 2010).

 

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" Authentique dissident dans un XXIème siècle lourd de menaces multiples et protéiformes, Tomislav Sunic, auteur de plusieurs ouvrages dont deux publiés en français (La Croatie: un pays par défaut ? Avatar Editions, 2010; Homo americanus. Rejeton de l’ère postmoderne, Akribeia, 2010), déploie sa plume acérée dans ce recueil d’études et d’entretiens, pour établir une description clinique et lucide des temps de déraison et des années décisives qui constituent notre présent.

A l’aune des funestes figures engendrées par les systèmes idéologiques du siècle des grandes conflagrations (homo sovieticus et sa déclinaison balkanique, homo americanus), appréhendées dans un subtil jeu de miroirs, l’essayiste et conférencier américano-croate, nourri des travaux des “nouvelles droites” européennes, des penseurs transversaux et des meilleurs auteurs euro-américains, n’hésite pas à aborder avec courage et sérénité quelques-unes des problématiques essentielles, érigées en tabous de ces temps post-démocratiques d’unidimensionnalité néo-totalitaire, en posant les bonnes questions, avant de proposer de stimulantes pistes de réflexion et d’action. "

 

samedi, 12 avril 2014

Friedrich Georg Jünger: The Titans and the Coming of the Titanic Age

Friedrich Georg Jünger:

 

The Titans and the Coming of the Titanic Age

 

 

Tom Sunic

 Translated from the German and with an Introduction by Tom Sunic

Friedrich Georg Jünger (1898-1977)

Friedrich Georg Jünger (1898-1977)

Introduction: Titans, Gods and Pagans by Tom Sunic

Below is my translation of several passages from the last two chapters from Friedrich Georg Jünger’s little known book, Die Titanen, 1943, 1944 (The Titans). Only the subtitles are mine. F.G. Jünger was the younger brother of Ernst Jünger who wrote extensively about ancient Greek gods and goddesses. His studies on the meaning of Prometheism and Titanism are unavoidable for obtaining a better understanding of the devastating effects of the modern belief in progress and the role of “high-tech” in our postmodern societies. Outside the German-speaking countries, F.G. Jünger’s literary work remains largely unknown, although he had a decisive influence on his renowned brother, the essayist Ernst Jünger. Some parts of F.G Jünger’s other book,Griechische Götter (1943) (Greek Gods), with a similar, if not same topic, and containing also some passages from Die Titanen, were recently translated into French (Les Titans et les dieux, 2013).

In the footsteps of Friedrich Nietzsche and along with hundreds of German philosophers, novelists, poets and scientists, such as M. Heidegger, O. Spengler, C. Schmitt, L. Clauss, Gottfried Benn, etc., whose work became the object of criminalization by cultural Bolsheviks and by the Frankfurt School in the aftermath of WWII, F. G. Jünger can also be tentatively put in the category of “cultural conservative revolutionaries” who characterized the political, spiritual and cultural climate in Europe between the two world wars.

Ancient European myths, legends and folk tales are often derided by some scholars, including some Christian theologians who claim to see in them gross reenactments of European barbarism, superstition and sexual promiscuity. However, if a reader or a researcher immerses himself in the symbolism of the European myths, let alone if he tries to decipher the allegorical meaning of diverse creatures in the myths, such as for instance the scenes from the Orphic rituals, the hellhole of Tartarus, or the carnage in the Nibelungen saga, or the final divine battle in Ragnarök, then those mythical scenes take on an entirely different meaning. After all, in our modern so-called enlightened and freedom-loving liberal societies, citizens are also entangled in a profusion of bizarre infra-political myths, in a myriad of weird hagiographic tales, especially those dealing with World War II vicitmhoods, as well as countless trans-political, multicultural hoaxes enforced under penalty of law. Therefore, understanding the ancient European myths means, first and foremost, reading between the lines and strengthening one’s sense of the metaphor.

There persists a dangerous misunderstanding between White nationalists professing paganism vs. White nationalists professing Christian beliefs. The word “paganism” has acquired a pejorative meaning, often associated with childish behavior of some obscure New Age individuals carrying burning torches or reading the entrails of dead animals. This is a fundamentally false conception of the original meaning of paganism. “Pagans,” or better yet polytheists, included scores of thinkers from antiquity, such as Seneca, Heraclites, Plato, etc. who were not at all like many modern self-styled and self-proclaimed “pagans” worshipping dogs or gazing at the setting sun. Being a “pagan” denotes a method of conceptualizing the world beyond the dualism of “either-or.” The pagan outlook focuses on the rejection of all dogmas and looks instead at the notion of the political or the historical from diverse and conflicting perspectives. Figuratively speaking, the plurality of gods means also the plurality of different beliefs and different truths.  One can be a good Christian but also a good “pagan.”  For that matter even the “pagan” Ernst Jünger, F.G. Jünger’s older brother, had a very Catholic burial in 1998.

When F.G Jünger’s published his books on the Titans and the gods, in 1943 and in 1944, Germany lay in ruins, thus ominously reflecting F.G. Jünger’s earlier premonitions about the imminent clash of the Titans. With gods now having departed from our disenchanted and desacralized White Europe and White America, we might just as well have another look at the slumbering Titans who had once successfully fought against Chaos, only to be later forcefully dislodged by their own divine progeny.

Are the dozing Titans our political option today? F.G. Jünger’s book is important insofar as it offers a reader a handy manual for understanding a likely reawakening of the Titans and for decoding the meaning of the new and fast approaching chaos.

*    *    *

THE TITANS: CUSTODIANS OF LAW AND ORDER

….The Titans are not the Gods even though they generate the Gods and relish divine reverence in the kingdom of Zeus. The world in which the Titans rule is a world without the Gods. Whoever desires to imagine a kosmos atheos, i.e. a godless cosmos, that is, a cosmos not as such as depicted by natural sciences, will find it there. The Titans and the Gods differ, and, given that their differences are visible in their behavior toward man and in view of the fact that man himself experiences on his own as to how they rule, man, by virtue of his own experience, is able to make a distinction between them.

Neither are the Titans unrestrained power hungry beings, nor do they scorn the law; rather, they are the rulers over a legal system whose necessity must never be put in doubt. In an awe-inspiring fashion, it is the flux of primordial elements over which they rule, holding bridle and reins in their hands, as seen inHelios. They are the guardians, custodians, supervisors and the guides of the order. They are the founders unfolding beyond chaos, as pointed out by Homer in his remarks about Atlas who shoulders the long columns holding the heavens and the Earth. Their rule rules out any confusion, any disorderly power performance. Rather, they constitute a powerful deterrent against chaos.

The Titans and the Gods match with each other. Just as Zeus stands in forKronos, so does Poseidon stand in opposition to Oceanus, or for that matterHyperion and his son Helios in opposition to Apollo, or Coeus and Phoebe in opposition to Apollo and Artemis, or Selene in opposition to Artemis.

THE TITANS AGAINST THE GODS

What distinguishes the kingdom of Kronos from the kingdom of Zeus? One thing is for certain; the kingdom of Kronos is not a kingdom of the son. The sons are hidden in Kronos, who devoured those he himself had generated, the sons being now hidden in his dominion, whereas Zeus is kept away from Kronos by Rhea, who hides and raises Zeus in the caverns. And given that Kronos comports himself in such a manner his kingdom will never be a kingdom of the father. Kronos does not want to be a father because fatherhood is equivalent with a constant menace to his rule. To him fatherhood signifies an endeavor and prearrangement aimed at his downfall.

What does Kronos want, anyway? He wants to preserve the cycle of the status quo over which he presides; he wants to keep it unchanged. He wants to toss and turn it within himself from one eon to another eon. Preservation and perseverance were already the hallmark of his father. Although his father Uranusdid not strive toward the Titanic becoming, he did, however, desire to continue his reign in the realm of spaciousness. Uranus was old, unimaginably old, as old as metal and stones. He was of iron-like strength that ran counter to the process of becoming. But Kronos is also old. Why is he so old? Can this fluctuation of the Titanic forces take on at the same time traits of the immovable and unchangeable? Yes, of course it can, if one observes it from the perspective of the return, or from the point of view of the return of the same. If one attempts it, one can uncover the mechanical side in this ceaseless flux of the movement. The movement unveils itself as a rigid and inviolable law.

THE INFINITE SADNESS OF THE TITANS

How can we describe the sufferings of the Titans? How much do they suffer anyway, and what do they suffer from? The sound of grief uttered by the chainedPrometheus induces Hermes to derisive remarks about the same behavior which is unknown to Zeus. In so far as the Titans are in the process of moving, we must therefore also conceive of them as the objects of removal. Their struggle is onerous; it is filled with anxiety of becoming. And their anxiety means suffering. Grandiose things are being accomplished by the Titans, but grandiose things are being imposed on them too. And because the Titans are closer to chaos than Gods are, chaotic elements reveal themselves amidst them more saliently. No necessity appears as yet in chaos because chaos has not yet been measured off by any legal system. The necessity springs up only when it can be gauged by virtue of some lawfulness. This is shown in the case of Uranus and Kronos. The necessary keeps increasing insofar as lawfulness increases; it gets stronger when the lawful movements occur, that is, when the movements start reoccurring over and over again.

Mnemosyne (The Titaness of Memory) (mosaic, 2nd ct. AD)

Mnemosyne (The Titaness of Memory) (mosaic, 2nd century AD)

Among the Titanesses the sadness is most visible in the grief of Rhea whose motherhood was harmed.  Also in the mourning ofMnemosyne who ceaselessly conjures up the past. The suffering of this Titaness carries something of sublime magnificence. In her inaccessible solitude, no solace can be found. Alone, she must muse about herself — a dark image of the sorrow of life. The suffering of the Titans, after their downfall, reveals itself in all its might. The vanquished Titan represents one of the greatest images of suffering. Toppled, thrown down under into the ravines beneath the earth, sentenced to passivity, the Titan knows only how to carry, how to heave and how to struggle with the burden — similar to the burden carried by the Caryatids.

THE SELF-SUFFICIENT GODS

The Olympian Gods, however, do not suffer like the Titans. They are happy with themselves; they are self-sufficient. They do not ignore the pain and sufferings of man. They in fact conjure up these sufferings, but they also heal them. In Epicurean thought, in the Epicurean  world of happiness, we observe the Gods dwelling in-between-the-worlds, divorced from the life of the earth and separated from the life of men, to a degree that nothing can ever reach out to them and nothing can ever come from them. They enjoy themselves in an eternal halcyon bliss that cannot be conveyed by words.

The idea of the Gods being devoid of destiny is brought out here insofar as it goes well beyond all power and all powerlessness; it is as if the Gods had been placed in a deepest sleep, as if they were not there for us. Man, therefore, has no need to think of them. He must only leave them alone in their blissful slumber. But this is a philosophical thought, alien to the myth.

Under Kronos, man is part of the Titanic order. He does not stand yet in the opposition to the order — an opposition founded in the reign of Zeus. He experiences now the forces of the Titans; he lives alongside them. The fisherman and boatman venturing out on the sea are in their Titanic element. The same happens with the shepherd, the farmer, the hunter in their realm. Hyperion, Helios and Eos determine their days, Selene regulates their nights. They observe the running Iris, they see the Horae dancing and spinning around throughout the year. They observe the walk of the nymphs Pleiades and Hyadesin the skies. They recognize the rule of the great Titanic mothers, Gaia, Rhea, Mnemosyne and that of Gaia-Themis. Above all of them rules and reigns the old Kronos, who keeps a record of what happens in the skies, on the earth, and in the waters.

TITANIC NECESSITY VS. DIVINE DESTINY

The course of human life is inextricably linked to the Titanic order. Life makes one whole with it; the course of life cannot be divorced from this order. It is the flow of time, the year’s course, the day’s course. The tides and the stars are on the move. The process resembles a ceaseless flow of the river. Kronos reigns over it and makes sure it keeps returning. Everything returns and everything repeats itself — everything is the same. This is the law of the Titans; this is their necessity. In their motion a strict cyclical order manifests itself. In this order there is a regular cyclical return that no man can escape. Man’s life is a reflection of this cyclic order; it turns around in a Titanic cycle of Kronos.

Man has no destiny here, in contrast to the demigods and the heroes who all have it. The kingdom of Zeus is teeming with life and deeds of heroes, offering an inexhaustible material to the songs, to the epics and to the tragedies. In the kingdom of Kronos, however, there are no heroes; there is no Heroic Age. For man, Kronos, and the Titans have no destiny; they are themselves devoid of destiny. Does Helios, does Selene, does Eos have a destiny? Wherever the Titanic necessity rules, there cannot be a destiny. But the Gods are also deprived of destiny wherever divine necessity prevails, wherever man grasps the Gods in a fashion that is not in opposition to them. But a man whom the Gods confront has a destiny. A man whom the Titans confront perishes; he succumbs to a catastrophe.

We can say, however, that whatever happens to man under the rule of the Titans is a lot easier than under the rule of the Gods. The burden imposed on man is much lighter.

*   *   *

What happens when the Gods turn away from man and when they leave him on his own? Wherever they make themselves unrecognizable to man, wherever their care for man fades away, wherever man’s fate begins and ends without them, there always happens the same thing. The Titanic forces return and they validate their claims to power. Where no Gods are, there are the Titans. This is a relationship of a legal order which no man can escape wherever he may turn to. The Titans are immortal. They are always there. They always strive to reestablish their old dominion of their foregone might. This is the dream of the Titanic race of the lapetos, and all the Iapetides who dream about it. The earth is penetrated and filled up with the Titanic forces. The Titans sit in ambush, on the lookout, ready to break out and break up their chains and restore the empire of Kronos.

TITANIC MAN

What is Titanic about man? The Titanic trait occurs everywhere and it can be described in many ways. Titanic is a man who completely relies only upon himself and has boundless confidence in his own powers. This confidence absolves him, but at the same time it isolates him in a Promethean mode. It gives him a feeling of independence, albeit not devoid of arrogance, violence, and defiance. Titanic is a quest for unfettered freedom and independence. However, wherever this quest is to be seen there appears a regulatory factor, a mechanically operating necessity that emerges as a correction to such a quest. This is the end of all the Promethean striving, which is well known to Zeus only. The new world created by Prometheus is not.

Dr. Tom Sunic is a former political science professor, author and a Board member of the American Freedom Party. He is the author of Against Democracy and Equality; The European New Right.

jeudi, 10 avril 2014

Giorgio Locchi et le mythe surhumaniste

 

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Giorgio Locchi et le mythe surhumaniste

par Edouard Rix

 

«Es klang so alt, und war doch so neu »

(Cela sonnait si ancien, et était pourtant si nouveau)

Richard Wagner, Les Maîtres-chanteurs de Nuremberg

« J’ai deux inspirateurs principaux : Nietzsche et Giorgio Locchi » confesse Guillaume Faye, pour qui « sans Giorgio Locchi et son oeuvre, qui se mesure à son intensité et non point à sa quantité, et qui reposa aussi sur un patient travail de formation orale, la véritable chaîne de défense de l’identité européenne serait probablement rompue »(1). De même, si dans ses mémoires Alain de Benoist n’accorde qu’une ligne à l’apport de Guillaume Faye et de Robert Steuckers à la Nouvelle droite(2), il admet toutefois : « C’est en grande partie sous l’influence de Locchi que la ND des années 70 a désigné l’égalitarisme comme ennemi principal. La dizaine d’articles de lui que j’ai publiés dans Nouvelle Ecole comptent certainement parmi les meilleurs jamais parus dans cette revue »(3).

C’est au milieu des années 60 que de Benoist rencontre Giorgio Locchi, journaliste italien installé à Paris où il est le correspondant du quotidien romain Il Tempo. Ce docteur en droit de 43 ans impressionne le jeune homme, qui l’invite à écrire dans les Cahiers universitaires. Fin 1966, il publie dans le numéro 29 un article dans lequel il s’interroge sur le possibilité d’une « science historique » à la lumière des récents enseignements de la microphysique. Persuadé que le devenir historique exige une rupture pour réaffirmer « la soumission des masses aux élites, la nécessité d’une société pyramidale », Locchi précise qu’« il n’y aura d’histoire que par la volonté de faire l’histoire »(4).

Parallèlement, sous le pseudonyme de Hans-Jürgen Nigra, il collaborera irrégulièrement à Défense de l’Occident. Les spécialistes autoproclamés de l’extrême-droite Jean-Yves Camus et René Monzat l’identifieront (sic) comme l’un des militants « allemands » qui s’expriment dans la revue de Maurice Bardèche - ce qui aurait fait sourire ce germaniste accompli -.

Il était une fois le GRECE

Entré au comité de rédaction de Nouvelle Ecole en 1969, Giorgio Locchi sera l’un des principaux initiateurs du GRECE. Ce n’est pas un hasard si le numéro 6 de la revue, daté de l’hiver 1968-1969, reproduit l’intégralité de la communication qu’il a envoyée au 1er colloque de l’Institut d’études occidentales. Avec ce texte, d’imprégnation nietzschéenne, qui s’inspire des critiques généalogiques de l’égalitarisme et de l’universalisme - renvoyés à leurs origines judéo-chrétiennes - présentes dans Par delà le bien et le mal et le Crépuscule des idoles, Locchi fournit le cadre philosophico-historique dans lequel s’inscrira le GRECE des années 70. « Le marxisme, écrit-il, a bel et bien poussé jusque dans ses extrêmes conséquences une idée qui, depuis deux mille ans dominait la réflexion européenne (...). Cette idée est l’idée égalitaire, introduite dans le monde romain grâce au christianisme ». Il poursuit : « Ce sera le fait de la Révolution française que de vouloir appliquer le concept égalitaire à un des aspects de la réalité humaine, c’est-à-dire dans la loi ».

 

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Dans une conférence prononcée lors du 5ème séminaire régional du GRECE, qui se tient à Paris le 16 avril 1972 sur le thème « Nietzsche et notre temps », il définit ainsi le projet politique nietzschéen - que l’on peut lui attribuer en propre - : « Combattre l’égalitarisme : tel est le but essentiel que s’est fixé Nietzsche (...) Nietzsche appelle une aristocratie qui puisse tirer son droit de diriger la masse de ses qualités naturelles, de sa valeur. Une aristocratie qui représente un type d’homme supérieur »(5). Fin connaisseur de la Nouvelle droite, Pierre-André Taguieff souligne que Locchi a permis à Alain de Benoist « de lire Nietzsche dans la double perspective d’une généalogie de l’égalitarisme moderne et de la définition d’une “grande politique“ centrée sur l’idée européenne »(6). L’une des premières brochures doctrinales publiées par le GRECE(7) doit d’ailleurs beaucoup au penseur italien...

Taguieff en dresse le portrait suivant : « Doté d’une grande culture germanique (il s’intéressait notamment à Nietzsche, Wagner, aux penseurs de la “révolution conservatrice“ allemande, en particulier à Spengler, et au national-socialisme)», il « ne publie guère, dans Nouvelle Ecole, que des études d’aspect “théorique“ où la dimension historique n’est jamais séparée du souci doctrinal »(8). Chacun de ses articles se révèle être un véritable petit essai : « Linguistique et sciences humaines », « “Le vocabulaire des institutions européennes“ d’Emile Benvéniste », « “L’homme et la technique“ d’Oswald Spengler », « Histoire et sociétés : critique de Lévi-Strauss », « Nietzsche et ses “récupérateurs“ », « Le mythe cosmogonique indo-européen : reconstruction et réalité », « Le règne, l’empire, l’imperium », « Die Konservative Revolution in Deutschland 1918-1932, essai d’Armin Mohler », « Il était une fois l’Amérique », « L’histoire », « Richard Wagner et la régénération de l’histoire » « Ethologie et sciences humaines ». C’est à lui que l’on doit l’épais dossier polémique - auquel Alain de Benoist a apporté des notes complémentaires » que le numéro 27-28 de Nouvelle Ecole a consacré aux Etats-Unis. Rompant radicalement avec l’occidentalisme et l’atlantisme viscéral de l’extrême-droite française, les auteurs affirment que « si l’idéologie américaine est l’un des déchets de la civilisation occidentale, l’Amérique est elle-même le déchet matériel de l’Europe »(9). L’article se termine par une conclusion cinglante : « La menace qui, par le fait des Etats-Unis, pèse sur le monde est celle d’une forme particulièrement pernicieuse d’universalisme et d’égalitarisme »(10). Il sera traduit et publié en Italie(11) et en Allemagne(12).

Le fascisme a un cœur nouveau

L’un des rares textes que Giorgio Locchi a écrit directement en italien est consacré au fascisme. Une première version abrégée est d’abord paru dans Elementi, revue de la Nuova destra italienne, sous le titre « Le fascisme a un cœur antique ». « Voilà qui prouve qu’ils n’ont rien compris à ce que soutient mon texte, qui dit exactement le contraire, à savoir que le fascisme a un cœur nouveau » raillera l’auteur. Effectivement, il insiste, dans ce court essai, sur ce qu’il appelle le « repli-sur-les-origines-projet-d’avenir » du fascisme : « Pour le “fasciste“, la “nation“ finit par être retrouvée, plus que dans le présent, dans un lointain passé “mythique“ et poursuivie ensuite dans l’avenir, terre des enfants, Land der Kinder (Nietzsche) plus que terre des pères ». Une seconde version sera publiée en 1981(13).

Pour Locchi, le fascisme est la première manifestation politique d’un vaste phénomène spirituel et culturel, qu’il nomme le « Surhumanisme », dont l’origine remonte à la deuxième moitié du XIXe siècle, et qui « se configure comme une sorte de champ magnétique en expansion dont les pôles sont Richard Wagner (rarement reconnu) et Friedrich Nietzsche ». Entre Surhumanisme et fascisme, le rapport génétique spirituel est évident. Ce « principe surhumaniste se caractérise par le rejet absolu d’un “principe égalitaire“ opposé qui conforme le monde qui l’entoure ». Or, « si les mouvements fascistes situèrent l’ennemi - spirituel avant même que politique - dans les idéologies démocratiques - libéralisme, parlementarisme, socialisme, communisme, anarcho-communisme - c’est justement parce que dans la perspective historique instituée par le principe surhumaniste, ces idéologies se présentent comme autant de manifestations, apparues successivement dans l’histoire, mais toutes encore présentes, du principe égalitaire opposé, comme tendant toutes en définitive, avec un divers degré de conscience, vers un même but, et comme étant toutes ensemble la cause de la décadence spirituelle et matérielle de l’Europe, de l’“avilissement progressif“ de l’homme européen, de la décadence des sociétés occidentales ».

Arno_Breker_-_Camarades.jpgA l’instar d’Armin Mohler, il estime que « l’image la plus adaptée » pour représenter le temps de l’histoire de la vision surhumaniste est « celle de la Sphère », déjà présente dans Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche. Il précise que « si dans le temps linéaire, le “moment“ présent et ponctuel en divisant ainsi la ligne du devenir en passé et futur, et si, d’autre part, l’on ne vit donc que dans le présent ponctiforme, dans le temps sphérique de la vision surhumaniste, le présent est tout autre chose : il est la sphère dont les dimensions sont passé, actualité, futur - et l’homme est l’homme, et non pas animal, justement parce que, au moyen de sa conscience, il vit dans ce présent tridimensionnel et qui est passé-actualité-futur-en-même-temps, et qui donc ainsi est aussi toujours fatalité du devenir historique ».

L’on retrouve cette conception surhumaniste dans le fascisme, et c’est pourquoi « les “projets historiques“ des mouvements fascistes se configurent toujours comme un rappel - et un “repli“ - sur une “origine“ et sur un “passé“ plus ou moins éloigné, qui toute fois sont projetés en même temps dans l’avenir comme but à atteindre » : romanité dans le fascisme italien, germanité préchrétienne dans le national-socialisme. Or, « le “passé“ duquel on se réclame et qui peut être vanté dans un but démagogique de propagande comme toujours vivant et actuel (dans le “peuple“ et dans la “race“, entendus presque comme résiduelle), est en réalité considéré de façon pessimiste comme un bien perdu, “sorti de l’histoire“, donc comme devant être ré-inventé et créé ex-novo ».

Dans Wagner, Nietzsche e il Mito Sovrumanista(14), - ouvrage dont trois des six chapitres sont une remise en forme de ses articles wagnériens parus dans les numéros 30 et 31-32 de Nouvelle Ecole -, il insistera encore sur ce qui caractérise en propre la vision du monde surhumaniste formulée par Wagner, Nietzsche et Heidegger, à savoir la substitution au temps linéaire judéo-chrétien de la tridimensionnalité du devenir historique, symbolisé par l’image de la sphère. « Il est difficile, remarque Taguieff de ne pas percevoir un écho de ces conceptions dans la philosophie “nominaliste“ de l’histoire exposée systématiquement par Alain de Benoist dans le numéro 33 de Nouvelle Ecole, daté de juin 1979, “Fondements nominalistes d’une attitude devant la vie“ (p. 22-30), où, en référence à Nietzsche, il est proposé de substituer à la conception cyclique de l’histoire “une conception résolument sphérique“ (p. 24). N’y aurait-il pas dans cette reprise mimétique la véritable raison - ou le facteur décisif - de la rupture entre Giorgio Locchi et Alain de Benoist ? »(15). A ce facteur personnel, il faut ajouter le refus de Locchi de voir le GRECE quitter la métapolitique pour la politique(16).

Comme le disait maître Eckhart, la parole surhumaniste de Giorgio Locchi « n’est destinée à personne qui ne la fasse déjà sienne comme principe de sa propre vie ou ne la possède au moins comme un désir de son cœur ».

Edouard Rix, Réfléchir & Agir, été 2013, n°44, pp. 45-47.

Notes

(1) G. Faye, postface à la deuxième édition de L’essenza del fascismo.

(2) A. de Benoist, Mémoire vive. Entretiens avec François Bousquet, éditions de Fallois, Paris, 2012, p. 142.

(3) Ibid, p.160.

(4) G. Locchi, « Profil de l’histoire », Cahiers universitaires, novembre-décembre 1966, n°29, p. 52.

(5) G. Locchi, « Nietzsche et le mythe européen », Engadine, automne 1972, n°13, p. 2.

(6) P.-A. Taguieff, Sur la Nouvelle droite, Descartes et cie, Paris, 1994, p. 152.

(7) A. de Benoist, Nietzsche : morale et “grande politique“, GRECE, Paris, 1974, 44 p.

(8) P.-A. Taguieff, op. cit., p. 153.

(9) R. de Herte et H.-J. Nigra, « Il était une fois l’Amérique », Nouvelle Ecole, automne-hiver 1975, n°27-28, p. 10.

(10) Ibid, p. 95.

(11) G. Locchi et A. de Benoist, Il male americano, LEDE, Rome, 1978, 190 p.

(12) R. de Herte et H.-J. Nigra, Die USA,Europas missratenes Kind, Herbig, coll. « Herbig Aktuell », München-Berlin, 1979, 197 p.

(13) G. Locchi,L'essenza del fascismo, Edizioni del Tridente, Castelnuovo Magra, 1981.

(14) G. Locchi, Wagner, Nietzsche e il Mito Sovrumanista, Akropolis, Naples,1982.

(15) P.-A. Taguieff, op. cit., p. 156.

(16) Entretien avec Pierluigi Locchi, 18 mars 2012.

 

Oswald Spengler, le théoricien du déclin de l'Occident


Philippe Conrad

Oswald Spengler, le théoricien du déclin de l'Occident

par Cercle Ernest Renan

mercredi, 09 avril 2014

Europe-Action, notre grand ancêtre

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Europe-Action, notre grand ancêtre

par Edouard Rix

Ainsi que nous le répétait régulièrement le regretté Jean Mabire, à Réfléchir & Agir nous sommes les héritiers d’Europe-Action.

Si l’on en croit les Dupont et Dupond de l’antifascisme, Camus et Monzat, « l’importance théorique » d’Europe-Action « est fondamentale pour établir la généalogie de l’extrême droite nationale-européenne, néo-paganisante et racialiste » (1). Son fondateur, Dominique Venner, né en 1935, est le fils d’un militant du PPF de Doriot. Engagé volontaire à dix-huit ans, il combat en Algérie entre 1954 et 1956. Cette même année, il rejoint Jeune Nation, imprimant à ce petit groupe néo-pétainiste fondé par les frères Sidos une nette inflexion activiste.

Pour une critique positive

Incarcéré à la prison de la Santé pour son appartenance à l’OAS, Venner profite des vacances forcées offertes par l’Etat gaulliste pour se livrer à une réflexion doctrinale et stratégique approfondie. Pour lui, après le « 1905 » que viennent de subir les nationalistes avec la dissolution de Jeune Nation, puis du Parti nationaliste, et l’échec d’une OAS dépourvue de tout contenu idéologique, il convient de faire du léninisme retourné. C’est ainsi qu’il rédige et publie en 1962 un texte synthétique intitulé Pour une critique positive, qui se veut le Que faire ? du nouveau nationalisme. « Le travail révolutionnaire, écrit-il, est une affaire de longue haleine qui réclame de l’ordre dans les esprits et dans les actes. D’où le besoin d’une théorie positive de combat idéologique. Une révolution spontanée n’existe pas ». Concrètement, il préconise d’en finir avec l’activisme, d’éliminer « les dernières séquelles de l’OAS », de créer « les conditions d’une action nouvelle, populaire et résolument légale » s’appuyant sur une doctrine cohérente.

Dès sa libération de prison, il lance un mouvement et un organe de presse, puisqu’il s’agit désormais pour lui de mener un combat d’idées. Sur le plan militant, il s’appuie sur les éléments les moins pétainistes de l’appareil clandestin de l’ex Jeune Nation, ainsi que sur la Fédération des étudiants nationalistes (FEN), créée en mai 1960 afin de servir de « périscope de légalité » au mouvement interdit, et animée par François d’Orcival. Les étudiants nationalistes partagent avec Venner le souhait de réhabiliter la réflexion théorique dans une mouvance dominée par un profond anti-intellectualisme.

La revue, qui devait d’abord s’appeler Rossel, en référence à l’officier communard incarnant une « gauche patriote », prend finalement pour titre Europe-Action. Le premier numéro, tiré à 10 000 exemplaires, paraît en janvier 1963. Une nouvelle formule, sous le format 21 x 27 cm, style newsmagazine, verra le jour en 1964 avec un tirage atteignant 15 000 à 20 000 exemplaires. Sous la direction de Dominique Venner, la rédaction comprend Jean Mabire, rédacteur en chef à partir de juin 1965, Alain de Benoist, secrétaire de rédaction et rédacteur en chef du supplément hebdomadaire sous le nom de Fabrice Laroche, Alain Lefebvre, François d’Orcival, Jean-Claude Rivière, ou encore Jean-Claude Valla qui signe Jacques Devidal. Des « anciens » comme Saint-Loup ou Saint-Paulien y collaborent régulièrement. Les ouvrages recommandés aux militants de la FEN et aux Volontaires d’Europe-Action sont publiés par les Editions Saint-Just et vendus par la Librairie de l’Amitié à Paris.

Réalisme biologique et défense de l’Occident

Racialisme européen, réalisme biologique, défense des peuples blancs face à la démographie galopante des masses du Tiers Monde, tels sont les principaux thèmes développés dans les colonnes dumensuel.Le premier des Cahiers d’Europe-Action, supplément trimestriel qui paraît en mai 1964, est consacré, sous le titre « Sous-développés, sous-capables », au fardeau représenté par les peuples de couleur et à leur incapacité chronique à maîtriser la technique.

Europe-Action est incontestablement le premier mouvement à dénoncer l’immigration extra-européenne incontrôlée et les risques de métissage en découlant. Car, « le métissage systématique n’est rien d’autre qu’un génocide lent » (2). Inlassablement, tout au long de son existence, il mènera une campagne « Stop à l’invasion algérienne en France », exigeant le rapatriement massif des allogènes, ce qui le rapprochera de François Brigneau, dont les éditoriaux dans Minute évoquent souvent ce problème. « Ils seront bientôt un million» proclame en une le n° 22 d’octobre 1964. « En France, écrira Dominique Venner en 1966, l’immigration importante d’éléments de couleur pose un grave problème (...) Nous savons également l’importance de la population nord-africaine (...) Ce qui est grave pour l’avenir : nous savons que la base du peuplement de l’Europe, qui a permis une expansion civilisatrice, était celle d’une ethnie blanche. La destruction de cet équilibre, qui peut être rapide, entraînera notre disparition et celle de notre civilisation » (3). Visionnaire !

europe_action.jpgPlus généralement, dans le numéro spécial « Qu’est-ce que le nationalisme ? », les rédacteurs font l’apologie de l’Occident « dévoré par le besoin d’agir, de réaliser, de vaincre », citant en exemple Beethoven qui, « sourd à trente ans, empoigne son destin à la gorge et continue de composer », ou « les équipes de chercheurs et d’hommes d’action qui se lancent à la conquête de l’espace, les Vikings traversant au Xè siècle l’Atlantique nord sur leurs coques de noix » (4). Quelques pages plus loin, le « Dictionnaire du militant » définit l’Occident comme une « communauté des peuples blancs », tandis que le peuple est présenté comme « une unité biologique confirmée par l’histoire » (5). Dans cette optique organiciste et völkisch, le nationalisme est vu comme une « doctrine qui exprime en termes politiques la philosophie et les nécessités vitales des peuples blancs (...), doctrine de l’Europe » (6), celle-ci étant entendue comme le « foyer d’une culture en tous points supérieure depuis trois millénaires » (7).

Partisan de l’Europe des ethnies, Europe-Action se prononce pour l’unité continentale : « Le destin des peuples européens est désormais unique, il impose leur unité politique, reposant sur l’originalité de chaque nation et de chaque province » (8). La revue souhaite la compléter par une alliance avec les bastions blancs d’Afrique australe comme l’Afrique du Sud et la Rhodésie, voire même l’Amérique du nord. D’où la formule provocatrice du rédacteur en chef Jean Mabire : « Pour nous, l’Europe est un cœur dont le sang bat à Johannesburg et à Québec, à Sidney et à Budapest » (9).

Son nationalisme européen se veut moderne, de progrès, en rupture avec le vieux nationalisme chauvin et réactionnaire. Il se fonde sur les « lois de la vie », la réalité, le « réalisme biologique » qui exalte une vision social-darwiniste du combat pour la vie, en opposition à l’universalisme, philosophie de l’ « indifférenciation » : « Le nationalisme, écrit maître Jean, s’il ne veut pas être une curiosité historique ou une nostalgie rétrograde, ne saurait être tout d’abord que réaliste et empirique. Il doit s’appuyer non sur des dogmes abstraits mais sur les données mêmes de la vie. Les nationalistes reconnaissent d’abord qu’il font partie d’un monde où tout est lutte. La nature en constante évolution ignore l’uniformité et l’indifférenciation. L’homme soumis aux lois de la vie, déterminé par son hérédité, trouve son accomplissement dans la maîtrise de la nature ». Il ajoute : « Ce réalisme biologique est tout aussi éloigné du matérialisme que de l’irréalisme. Il reconnaît un certain nombre de valeurs, appartenant en propre à notre communauté : le sens du tragique, la notion du réel, le goût de l’effort, la passion de la liberté et le respect de l’individu » (10). Le jeune Alain de Benoist renchérira, enthousiaste : « Le réalisme biologique est le meilleur outil contre les chimères idéalistes » (11).

Socialisme enraciné contre socialisme universaliste

Le nouveau nationalisme d’Europe-Action se veut aussi « socialiste ». Ce socialisme n’a rien à voir avec celui des marxistes ou des sociaux-démocrates, la revue se revendiquant du « socialisme français », celui de Proudhon et de Sorel. Jean Mabire prône un « socialisme enraciné », opposé au « socialisme universaliste » : « Le nationalisme, c’est d’abord reconnaître ce caractère sacré que possède chaque homme et chaque femme de notre pays et de notre sang. Notre amitié doit préfigurer cette unanimité populaire qui reste le but final de notre action, une prise de conscience de notre solidarité héréditaire et inaliénable. C’est cela notre socialisme » (12). Ce socialisme ne doit être ni égalitaire, ni internationaliste, ainsi que le rappelle Dominique Venner : « Ainsi reviennent constamment les idées de sélection, compétition, individualité qui, liées à la préservation du capital génétique, apparaissent bien comme les valeurs propres à l’Europe et nécessaires à son édification politique (...) Elles s’opposent, point par point, aux valeurs de mort de la société actuelle. En cela, elles sont révolutionnaires. Elles s’opposent au chaos universaliste, en cela elles sont nationalistes. Elles édifieront un monde où la qualité fera le prix de l’existence : en cela, elles fondent notre socialisme » (13).

« Les thèmes d’Europe-Action réapparurent (...) de manière de nouveau virulente dans des revues identitaires comme Réfléchir & Agir » (14) s’inquiètent les nouveaux entomologistes de la planète brune. Cette filiation de sang et d’esprit, nous la revendiquons insolemment. Dominique Venner, présent !

Edouard Rix, Réfléchir & Agir, automne 2013, n°45, pp. 48-50.

Notes

(1) J.Y Camus, R. Monzat, Les droites nationales et radicales en France, PUL, 1992, pp. 44-45.

(2) G. Fournier, « La guerre de demain est déclenchée », Europe-Action, avril 1964, n°16, p.21.

(3) Europe-Action, février 1966, n°38, p. 8.

(4) Europe-Action,mai 1963, n°5.

(5) Ibid, pp. 73-74.

(6) Ibid, p. 72.

(7) Ibid, p. 64.

(8) Ibid.

(9) J. Mabire, « Notre nationalisme européen », Europe-Action, juillet-août 1965, n°31-32, p. 13.

(10) J. Mabire, « Le nationalisme », Europe-Action, avril 1966, n°40, p. 14.

(11) Europe-Action, décembre 1965, n°36, p. 9.

(12) J. Mabire, « L’écrivain, la politique et l’espérance», Europe-Action, juin 1965, n°30, pp. 4-5.

(13) D. Venner, « Notre socialisme», Europe-Action, mai 1966, n°41, p. 19.

(14) S. François, N. Lebourg, « Dominique Venner et le renouvellement du racisme », Fragments sur les Temps présents, 30 mai 2013.

La vieille droite contre Europe-Action

Les prises de positions racialistes, nietzschéennes et païennes d’Europe-Action  susciteront la haine rabique de la vieille droite réac, maurrassienne et intégriste. Suite au numéro « Qu’est-ce que le nationalisme ? », Jacques Ploncard d’Assac enverra une lettre de rupture à la rédaction, publiée dans le n°8 d’août 1963 : « Les nationalistes français, même agnostiques comme Maurras, ont toujours reconnu le caractère chrétien de l’ethnie française. Il y a donc incompatibilité entre le matérialisme athée et l’objet même du nationalisme français ». Scandalisé que ceux qu’il appelle élégamment les « venneriens » professent un « racisme théorisant », l’inénarrable Pierre Sidos tiendra à préciser dans L’Echo de la presse et de la publicité du 15 janvier 1964 qu’il n’a « rien de commun avec la société Saint-Just » et émet les « plus expresses réserves (...) quant aux thèses exposées par les publication de cette firme, et notamment la revue Europe-Action ».

jeudi, 03 avril 2014

Réforme pénale : le bal des voyous

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Réforme pénale: le bal des voyous

par Guillaume Faye

Ex: http://www.gfaye.com

Comme dans Tintin en Amérique, où le Syndicat des gangsters de Chicago régnait en maître sur une police impuissante et une justice complice, la ”réforme pénale” concoctée par Mme Taubira et ses amis du Syndicat de la Magistrature et qui sera votée à la mi-avril, va ouvrir un boulevard à la criminalité. En dépit des avertissements de socialistes de bon sens (comme André Vallini, sénateur de l’Isère) ou des syndicats de police, la réforme prévoit la suppression des peines planchers et l’instauration d’une « contrainte pénale », gadget juridique qui permet d’exonérer de prison tout délinquant redevable d’une peine inférieure ou égale à cinq ans. Autrement dit, 90% des crimes et délits commis en France ne seront plus automatiquement susceptibles d’emprisonnement. On imagine les conséquences, surtout lorsqu’on sait qu’une grande partie des peines prononcées ne  sont plus aujourd’hui suivies d’effets,  faute de moyens et de volonté.    

Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, opposé à cette législation délirante, a perdu son combat contre Mme Taubira, l’avocate des délinquants. Grande gueule mais petits bras, il ne fait pas le poids. Au moment où la délinquance explose dans notre pays, cette loi, unique au monde,  frappe de stupeur les criminologues de tous les pays. Les dispositions de ce texte qui prétendent compenser ce laxisme par les ”révocations de sursis”, les ”mises à l’épreuve” et les ”libérations sous contraintes”  (jargon de cabinet ministériel) ne sont que des pets de nonne. Sans compter un renforcement des pouvoirs du juge de l’application des peines, dont le tropisme est de libérer les délinquants, l’affaiblissement des contrôles de police, l’alourdissement juridique des procédures d’enquête, etc.  

Pour les délinquants et apprentis délinquants, le message est reçu cinq sur cinq : ”la France, qui ne construit plus de prisons, dont les juges sont ”humanistes”, qui s’ouvre à toutes les immigrations sans contrôle, dont la police est juridiquement paralysée, dont tous les budgets sont plombés, qui n’incarcère plus au dessous de 5 ans de Code pénal, cette France est, pour nous, un territoire de chasse. ” Lorsque cette loi de réforme pénale entrera dans les faits, la criminalité va connaître un bond arithmétique, surtout la criminalité violente de proximité , mais aussi  la criminalité d’escroquerie, notamment dans le domaine numérique. Pari facile à 10$ contre 1. Je suis sûr d’avoir raison, comme toujours. 

Impunité : tel est le mot d’ordre intégré par tous les délinquants, des clandestins aux braqueurs, des cambrioleurs aux agresseurs sexuels, des racketteurs aux escrocs, des incendiaires aux voleurs violents. Tout sera toléré et impuni, à condition de ne pas dépasser le seuil des cinq ans de prison ferme. Droits de l’homme ! L’impunité est donc en train de s’installer (sauf si vous égorgez votre belle mère devant témoins) et le droit des victimes de fondre. Quand vous serez cambriolés, même avec violences contre vous si vous êtes présents,  vos agresseurs seront peut-être serrés par la police ou la gendarmerie, mais ils seront libérés par la justice si le délit ne dépasse pas cinq ans d’incarcération, ce qui, compte tenu des remises de peines, n’est pas dissuasif. 

La conséquence sera automatiquement celle qui s’est produite au IVe siècle de notre ère lorsque l’État romain s’est progressivement effacé : la société civile reprend l’ordre et la sécurité à son compte. L’État français, bandeur mou, ne protège plus ses citoyens qui pourtant, suivant le pacte social, s’acquittent d’impôts de plus en plus lourds, dont une partie sert à financer ceux qui ne le protègent plus et le grugent, comme ceux qui le parasitent et le volent. Je n’en dis pas plus.

Ce bal – ce bail truqué – tournera mal. La sécurité civile n’étant plus assurée par une police paralysée, et la justice n’ayant plus la sévérité qui effraie les délinquants, il est inévitable que des milices populaires voient le jour, hors contrôle. Je prédis que cela se passera dans les dix ans à venir. Je ne m’en réjouis pas. Mais une mauvaise solution comble toujours, dans l’histoire, le vide d’une absence de solution.  La sûreté  publique et la justice républicaine ne protégeant plus les citoyens, ces derniers vont tendre à les reconstituer, par un réflexe naturel d’autodéfense . La République (icône des élites protégées) affrontera la Démocratie (le peuple réel).  Pour le meilleur ou pour le pire et sans avoir besoin d’élections.

mercredi, 02 avril 2014

Pourquoi la Russie a raison

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Pourquoi la Russie a raison

par Guillaume Faye

Les provocations anti russes

En 1991, au moment de la fin de l’URSS, du Pacte de Varsovie et des menaces qu’ils représentaient, l’Otan aurait dû se dissoudre. Les vrais buts de l’Otan, instrument géostratégique de Washington, apparurent alors : non pas tant la défense de l’Europe que l’encerclement et l’endiguement de la Russie et le recul vers l’Est de sa sphère d’influence. Contrairement à ce qu’avait promis aux Russes Helmut Kohl, au nom de l’Occident, d’anciens pays de la zone ”socialiste” entrèrent dans l’UE (erreur économique de l’élargissement à tout le monde) et surtout dans l’Otan, ce qui apparut comme une provocation.

Seconde provocation dont les Russes se souviennent : la guerre de Yougoslavie menée par l’Otan (sans que l’Onu eût voix au chapitre) qui démembra la Yougoslavie, arracha le Kosovo à la Serbie, permit le bombardement de Belgrade. Puis ce furent l’affaire du ”bouclier antimissile” américain installé en Europe centrale, et les révolutions ”orange” en Ukraine et ”rose” en Géorgie, financées et pilotées par Washington, toujours pour grignoter la sphère géopolitique russe et ravaler la Russie post soviétique au rang de puissance régionale moyenne. Les mains tendues de Gorbatchev (la « Maison commune ») et de Poutine (la « Grande Europe ») furent repoussées avec mépris. En effet, le cauchemar de l’administration américaine est une union euro-russe, économique et militaire, de l’Atlantique au Pacifique, et la dissolution de l’Otan qui s’ensuivrait. Serviles, les chancelleries européennes ont suivi, abdiquant toute indépendance, piétinant leurs propres intérêts, la France reniant sa tradition gaullienne. 

On comprend, dans ces conditions, que le Kremlin, surtout depuis le principat de Poutine, s’estime être l’agressé. Jusqu’à présent, jamais les Russes n’avaient réagi à ces provocations, faisant profil bas. Jamais la Russie n’avait menacé l’Ouest ni tenté d’y pousser ses pions. L’Occident, piloté par Washington, a pratiqué le deux poids, deux mesures et la diplomatie à la tête du client.

Sans réfléchir, l’UE s’est alignée, comme toujours, sur les Etats-Unis, sans comprendre que son intérêt est l’alliance continentale russe et non pas l’alliance américaine de soumission. Si les vrais gaullistes étaient toujours au pouvoir en France, ils auraient fait une politique rigoureusement inverse. Le but, logique, de Washington est de casser tout renouveau de puissance russe et d’empêcher à tout prix un axe euro-russe. Donc, de réveiller la guerre froide.

Le but constant des Américains, que suivent les Européens serviles : empêcher la Russie de redevenir impériale, comme du temps des Tzars et de l’URSS, et la contenir dans un rôle de station-service, style super-Arabie du Nord. Il est logique que tout président américain, qu’il soit démocrate ou républicain, suive cette politique, qui est la logique même du tropisme thalassocratique (1).  Les USA sont peut-être maladroits dans la tactique mais remarquablement constants dans leur stratégie mondiale, depuis Wilson.

Le seul point où la Russie paraît avoir tort concerne l’irrespect du ”Mémorandum de Budapest”. Elle le signa en 1994 avec les USA et la Grande-Bretagne pour garantir l’intégrité territoriale de l’Ukraine contre l’abandon par cette dernière de l‘arsenal nucléaire hérité de l’URSS. Mais les raisons de cet abandon sont parfaitement compréhensibles d’un point de vue de russe puisque l’Occident n’a pas respecté sa parole.

Les craintes d’une menace militaire russe de la part des anciens pays du glacis soviétique, notamment les pays baltes où résident des minorités russophones et de la Pologne membres de l’UE, sont parfaitement infondées et surjouées.

On se scandalise que Poutine veuille rétablir la puissance et le prestige de la Russie en restaurant son influence dans l’ancien espace soviétique, de manière ”impériale”, en faisant obstacle à toute avancée de l’Otan et de l’UE dans ses marches géopolitique de l’Est. Mais enfin, cette visée est parfaitement légitime et correspond à l’histoire russe. Les Etats-Unis, eux, ne se gênent pas pour essayer d’établir leur ”empire” sur l’Amérique latine et une partie du Moyen-Orient, au prix d’interventions militaires brutales ou de déstabilisations. Deux poids deux mesures.

Ce n’est nullement la Russie de Poutine qui voulait la relance de la guerre froide : il s’agit d’une stratégie élaborée à Washington dès l’an 2000 lorsque Poutine a pris la succession de l’impotent Eltsine. Les Américains, au moins, défendent leurs intérêts de puissance. Alors que les Européens ont abandonné toute realpolitik au profit de lubies idéologiques, humanitaro-pacifistes.  Les Européens, aveuglés, dans le déni de leur déclin, se laissent abuser par une pseudo menace russe, alors que la véritable menace vient du Sud. Il n’est pas besoin de faire un dessin. 

Le rattachement légitime de la Crimée

La Crimée est russe depuis le XVIIIe siècle et la manière dont elle fut cédée à l’Ukraine par l’URSS de Kroutchtchev en 1954 contrevient au droit des peuples et n’a pas de valeur. Concernant le président ukrainien pro-russe, Ianoukovitch, certes un satrape – mais pas plus, voire moins, que des dizaines de dirigeants dans le monde courtisés par l’Occident – il fut élu régulièrement et il a été renversé illégalement. Issu d’émeutes et de la rue, le nouveau gouvernement provisoire ukrainien est illégitime. La décision prise en février par le nouveau pouvoir de Kiev de priver les russophones de l’officialité de leur langue fut non seulement une provocation irresponsable mais une mesure répressive violant toutes les règles de la démocratie. Les dirigeants occidentaux, partiaux, ne s’en sont pas émus. Cette mesure illégale a d’ailleurs été l’amorce des événements actuels.     

Contrairement à la propagande, l’armée russe n’a jamais envahi la Crimée. La présence des forces russes à Sébastopol était conforme aux traités internationaux. Certes, des milices pro-russes ont désarmé (pacifiquement) les forces ukrainiennes, mais nul ne peut contester la validité du référendum populaire de rattachement de la Crimée à la Russie. Poutine n’a rien manipulé du tout, il a saisi la balle au bond. C’est au contraire l’Occident qui a jeté de l’huile sur le feu en attisant une confrontation manichéenne entre une Russie impérialiste et agressive et une pauvre Ukraine victime. Tout cela dans le but de réveiller la guerre froide, afin d’affaiblir une Russie dont le retour de puissance offusque Washington et l’Otan.

Ce n’est pas la Russie de Poutine qui a décidé d’annexer illégalement la Crimée, c’est la Crimée qui a décidé, à la faveur d’une réaction ukrainienne russophobe attisée par l’Occident, de rejoindre sa mère-patrie, la Russie. De plus, en aucun cas les minorités ukrainiennes ou tatars de Crimée n’ont été menacées. Elles seront parfaitement protégées, y compris dans leurs droits linguistiques, par les autorités russes. Ce sont au contraire les russophones d’Ukraine qui prennent peur. 

En soutenant le coup d’État de Kiev, les démocraties occidentales (et avec elles l’inconstant BHL) ont passé par pertes et profit le fait que le gouvernement autoproclamé est en partie constitué de membres de Svoboda, un parti néo-nazi. Ce qui conforte parfaitement la prétendue ”propagande” russe. Oleg Tiahnybok, le président de ce parti, adepte sur les tribunes de quenelles en position haute, c’est-à-dire de saluts hitlériens, avait déclaré l’urgence de « purger l’Ukraine de 400.000 juifs ».

Le principe de l’intangibilité des frontières européennes qui, en 1992, après l’indépendance de l’Ukraine, avait interdit à la Russie de demander le retour de la Crimée en son sein, a été violé par l’Occident après la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo arraché à la Serbie malgré l’opposition de Moscou, mais aussi de l’Espagne et de la Grèce. Ce qui a donné une bonne raison à Poutine d’annexer sans un seul coup de feu la Crimée, après un référendum incontestable.

D’autre part, la récupération, sans usage de la force, de la base navale absolument vitale de Sébastopol était parfaitement compréhensible : la menace de la résiliation du bail par les autorités ukrainiennes et la possibilité très sérieuse de voir cette base enclavée et donc neutralisée dans un pays risquant d’être inféodé à l’Otan étaient inacceptables pour les Russes. 

Moscou a raison de refuser de négocier avec  un gouvernement provisoire autoproclamé, russophobe, qui a fait voter une loi inique retirant au russe son statut de langue officielle dans les régions russophones. Le droit international est une matière encore plus complexe que le droit pénal. Dans cette affaire, s’il n’a pas été entièrement respecté par la Russie, il l’a été moins encore par l’Occident qui, depuis l’invasion de l’Irak, n’a pas de leçons à donner.

En annexant la Crimée, la Russie a-t-elle perdu l’Ukraine ? C’est le leitmotiv constant des commentateurs occidentaux. Rien n’est moins sûr. L’Ukraine dépend économiquement et financièrement de la Russie bien plus que de l’Occident. L’industrie ukrainienne, par exemple, fournit largement l’armée russe. Le marché russe est indispensable à l’industrie ukrainienne. Sans l’aide financière russe, l’Ukraine ne peut pas s’en sortir. Les Occidentaux se contentent de promesses de prêts alors que Moscou a déjà prêté 3 milliards de dollars et les banques ukrainiennes ont été abondées de 20 milliards.

Faire miroiter à l’Ukraine la possibilité d’entrer dans l’UE – ce qui est une aberration économique – a été l’amorce de la crise. Il s’agissait d’une provocation à l’égard de la Russie, qui souhaitait depuis 1991 (avec l’accord des Occidentaux) maintenir ce pays frère dans la CEI-Communauté des États indépendants, bloc économique autour de la Russie.

En signant le 21 mars l’accord (économiquement irréalisable) d’association de l’Ukraine à l’UE avec le premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk, document que l’ex-président Ianoukovitch avait renoncé à signer le 21 novembre sous la pression russe, les Vingt-Huit ont commis un geste délibéré d’hostilité récidivée envers la Russie.  Les réactions de cette derrière sont d’ailleurs assez modérées.

Le salaire minimum en Ukraine est inférieur de 30% à celui des Chinois. Faire entrer l’Ukraine dans l’UE, comme la Géorgie, après des accords bidons d’association et de libre-échange avec Bruxelles, assortis de  promesses de prêts de la part d’une UE déjà financièrement exsangue, relève du mensonge diplomatique. L’intérêt de l’Ukraine est l’alliance économique avec la Russie.

Des sanctions économiques inappropriées 

Les Européens, en suivant les Américains dans des sanctions économiques absurdes, inefficaces, insultantes et ridicules contre la Russie, se tirent une balle dans le pied et nuisent à leurs intérêts. La Russie est le troisième partenaire économique de l’Europe. Les Allemands ont un besoin vital du gaz russe et les Britanniques des investissements russes dans la City. Le piètre chef de la diplomatie française, M. Fabius (qui avait voté contre Maastricht, donc contre l’élargissement inconsidéré de l’UE et qui maintenant veut y arrimer l’Ukraine !), est en train de torpiller le renouveau des relations franco-russes, au nom d’une conception pervertie de la ”démocratie” et par obéissance à ses maîtres. Les socialistes français – qui critiquaient le retour de la France dans le commandement intégré de l’Otan – s’alignent servilement sur la position de Washington et de Bruxelles (même entité) au mépris de l’indépendance nationale et des intérêts de l’Europe, entendue dans son vrai sens.        

À moyen terme, les sanctions économiques contre la Russie vont nuire à cette dernière : baisse des investissements en Russie, recherche d’autres fournisseurs de gaz et de pétrole, déstabilisation monétaire et financière. D’autant plus que la Russie a un besoin vital d’investisseurs étrangers car son tissu économique, hors industrie primaire d’hydrocarbures, est très insuffisant, surtout dans les nouvelles technologies. Néanmoins, les Occidentaux et notamment les Européens commettent deux lourdes erreurs : dépendants à 25% du gaz russe, ils s’exposent à une crise très grave d’approvisionnement ; d’autre part, les sanctions vont pousser les Russes à privilégier les investisseurs et exportateurs chinois au détriment des entreprises européennes. La Chine se frotte les mains. L’Empire du Milieu reste neutre, réarme et  compte les points.

Mais Washington  est un joueur de poker un peu nerveux et trop pressé. Car l’administration américaine a laissé voir son jeu le 26 mars lorsque Mr. Obama a déclaré aux dirigeants  agenouillés de l’Union européenne que les USA offraient leur gaz de schiste à la place du gaz russe (une source d’énergie que la France frileuse refuse d’exploiter sur son sol !), en poussant les licences d’exportation ; ce qui a pour but de faire signer aux Européens les accords de libre-échange unilatéraux et inégaux USA-UE. Le jeu de Washington est assez clair, sans vouloir sombrer dans la théorie du complot, et banalement machiavélien : créer une crise entre l’Europe et la Russie, les découpler ; 2) affaiblir les liens économiques euro-russes au profit d’exportations américaines sans contreparties.

Pour la France, ces sanctions sont très ennuyeuses : elles risquent de remettre en cause le marché de fournitures de navires de guerre porte-hélicoptères BPC à la marine russe. Ce qui va parfaitement dans le sens des intérêts de Washington, furieux de voir la France – pays de l’Otan – entamer une large coopération militaire avec la Russie, ce qui est complètement contraire au logiciel géostratégique américain. 

La nouvelle russophobie 

Mais une des raisons de la russophobie qui s’est emparée d’une partie des élites occidentales est que le régime russe ”poutinien” ne respecterait pas la démocratie et les valeurs humanistes. Ce syndrome idéologique fait bien rire les géostratèges cyniques de l’Administration américaine. L’hypocrisie est totale : on ne pousse pas ces cris de vierges effarouchées quand on reçoit en grande pompe le président chinois ou quand on traite avec les monarchies arabes despotiques. Notre clergé droit-de-l’hommiste se scandalise de l’interdiction de la Gay Pride ou de la propagande homo dans les écoles russes mais fait peu de cas de la peine de mort réservée aux homos dans maints régimes islamiques ”amis”.  

On rabâche avec une exagération ridicule que ” Poutine se comporte comme un despote du XVIIIe siècle ”, qu’il musèle les médias, que la Russie n’est pas un État de droit, etc. On a même comparé les récents événements à l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie en 1968 et à la politique hitlérienne en 1938-39. Pourtant, le régime russe et sa politique  sont largement plébiscités par la population ; ce qui n’est pas le cas pour les dirigeants français, imbus de leur suffisance morale. Mais, vous comprenez, ce n’est pas de la ”démocratie”, c’est du populisme. C‘est-à-dire du néo-fascisme, n’est-ce pas ? En France, la démocratie, ce n’est pas l’opinion du peuple mais celle des élites éclairées, ”républicaines”.

Poutine exaspère l’hyperclasse intellectuelle, politicienne et médiatique, parce qu’il défend des valeurs identitaires, parce qu’il traite de décadentes les sociétés européennes, parce qu’il adopte les positions de la révolution conservatrice.  Parce qu’il veut redonner son rang à son pays. Péché capital.  Bien sûr, la Russie n’est pas le paradis terrestre (le sommes-nous ?) mais la présenter comme une dictature dirigée par un nouveau Néron qui a tort sur tous les dossiers relève de la désinformation la plus inconséquente.   

 Notes:

(1) Contrairement à l’idée véhiculée par tous les journalistes, le Président des USA  ne ”dirige” pas, comme peut le faire par exemple le PR français. Il est plutôt le porte-parole des forces qui l’ont élu et surtout le jouet, en politique extérieure principalement, des influences croisées de la CIA, du State Department et du Pentagone, qui sont les gardiens du temple (cf mon essai Le Nouvel impérialisme américain, Éd. de l’Aencre). On l’a bien vu avec Bush junior : isolationniste avant d’être élu, les néoconservateurs et le Pentagone l’ont forcé à retourner sa veste et à se lancer dans les campagnes militaires que l’on sait. De même, Obama, qui se désintéressait de la question russe et voulait un apaisement, a été forcé de se réaligner sur la position anti-russe. Une position qui est d’ailleurs de plus en plus critiquée par beaucoup d’analystes américains, pour qui la russophobie est une impasse dramatique. Mais c’est un autre débat.    

samedi, 22 mars 2014

L'insolence des anarchistes de droite

Dominique Venner:

L'insolence des anarchistes de droite

Ex: http://fierteseuropeennes.hautetfort.com

 

nouvelle droite,anarchismede droite,dominique vennerLes anarchistes de droite me semblent la contribution française la plus authentique et la plus talentueuse à une certaine rébellion insolente de l’esprit européen face à la "modernité", autrement dit l’hypocrisie bourgeoise de gauche et de droite. Leur saint patron pourrait être Barbey d’Aurévilly (Les Diaboliques), à moins que ce ne soit Molière (Tartuffe). Caractéristique dominante : en politique, ils n’appartiennent jamais à la droite modérée et honnissent les politiciens défenseurs du portefeuille et de la morale. C’est pourquoi l’on rencontre dans leur cohorte indocile des écrivains que l’on pourrait dire de gauche, comme Marcel Aymé, ou qu’il serait impossible d’étiqueter, comme Jean Anouilh.

 

Ils ont en commun un talent railleur et un goût du panache dont témoignent Antoine Blondin (Monsieur Jadis), Roger Nimier (Le Hussard bleu), Jean Dutourd (Les Taxis de la Marne) ou Jean Cau (Croquis de mémoire). A la façon de Georges Bernanos, ils se sont souvent querellés avec leurs maîtres à penser. On les retrouve encore, hautains, farceurs et féroces, derrière la caméra de Georges Lautner (Les Tontons flingueurs ou Le Professionnel), avec les dialogues de Michel Audiard, qui est à lui seul un archétype.

 

Deux parmi ces anarchistes de la plume ont dominé en leur temps le roman noir. Sous un régime d’épais conformisme, ils firent de leurs romans sombres ou rigolards les ultimes refuges de la liberté de penser. Ces deux-là ont été dans les années 1980 les pères du nouveau polar français. On les a dit enfants de Mai 68. L’un par la main gauche, l’autre par la  main droite. Passant au crible le monde hautement immoral dans lequel il leur fallait vivre, ils ont tiré à vue sur les pantins et parfois même sur leur copains.

 

À quelques années de distances, tous les deux sont nés un 19 décembre. L’un s’appelait Jean-Patrick Manchette. Il avait commencé comme traducteur de polars américains. Pour l’état civil, l’autre était Alain Fournier, un nom un peu difficile à porter quand on veut faire carrière en littérature. Il choisit donc un pseudonyme qui avait le mérite de la nouveauté : ADG. Ces initiales ne voulaient strictement rien dire, mais elles étaient faciles à mémoriser.

 

En 1971, sans se connaître, Manchette et son cadet ADG ont publié leur premier roman dans la Série Noire. Ce fut comme une petite révolution. D’emblée, ils venaient de donner un terrible coup de vieux à tout un pan du polar à la française. Fini les truands corses et les durs de Pigalle. Fini le code de l’honneur à la Gabin. Avec eux, le roman noir se projetait dans les tortueux méandres de la nouvelle République. L’un traitait son affaire sur le mode ténébreux, et l’autre dans un registre ironique. Impossible après eux d’écrire comme avant. On dit qu’ils avaient pris des leçons chez Chandler ou Hammett. Mais ils n’avaient surtout pas oublié de lire Céline, Michel Audiard et peut-être aussi Paul Morand. Ecriture sèche, efficace comme une rafale bien expédiée. Plus riche en trouvailles et en calembours chez ADG, plus aride chez Manchette.

 

Né en 1942, mort en 1996, Jean-Patrick Manchette publia en 1971 L'affaire N'Gustro, directement inspirée de l'affaire Ben Barka (opposant marocain enlevé et liquidé en 1965 avec la complicité active du pouvoir et des basses polices). Sa connaissance des milieux gauchistes de sa folle jeunesse accoucha d’un tableau véridique et impitoyable. Féministes freudiennes et nymphos, intellos débiles et militants paumés. Une galerie complète des laissés pour compte de Mai 68, auxquels Manchette ajoutait quelques portraits hilarants de révolutionnaires tropicaux. Le personnage le moins antipathique était le tueur, ancien de l’OAS, qui se foutait complètement des fantasmes de ses complices occasionnels. C’était un cynique plutôt fréquentable, mais il n’était pas de taille face aux grands requins qui tiraient les ficelles. Il fut donc dévoré. Ce premier roman, comme tous ceux qu’écrivit Manchette, était d’un pessimisme intégral. Il y démontait la mécanique du monde réel. Derrière le décor, régnaient les trois divinités de l’époque : le fric, le sexe et le pouvoir.

 

Au fil de ses propres polars, ADG montra qu’il était lui aussi un auteur au parfum, appréciant les allusions historiques musclées. Tour cela dans un style bien identifiable, charpenté de calembours, écrivant "ouisquie" comme Jacques Perret, l’auteur inoubliable et provisoirement oublié de Bande à part.

 

Si l’on ne devait lire d’ADG qu’un seul roman, ce serait Pour venger Pépère (Gallimard), un petit chef d’œuvre. Sous une forme ramassée, la palette adégienne y est la plus gouailleuse. Perfection en tout, scénario rond comme un œuf, ironie décapante, brin de poésie légère, irrespect pour les "valeurs" avariées d’une époque corrompue. L’histoire est celle d’une magnifique vengeance qui a pour cadre la Touraine, patrie de l’auteur. On y voit Maître Pascal Delcroix, jeune avocat costaud et désargenté, se lancer dans une petite guerre téméraire contre les puissants barons de la politique locale. Hormis sa belle inconscience, il a pour soutien un copain nommé "Machin", journaliste droitier d’origine russe, passablement porté sur la bouteille, et "droit comme un tirebouchon". On s’initie au passage à la dégustation de quelques crus de Touraine, le petit blanc clair et odorant de Montlouis, ou le Turquant coulant comme velours.

 

Point de départ, l’assassinat fortuit du grand-père de l’avocat. Un grand-père comme on voudrait tous en avoir, ouvrier retraité et communiste à la mode de 1870, aimant le son du clairon et plus encore la pêche au gardon. Fier et pas dégonflé avec çà, ce qui lui vaut d’être tué par des malfrats dûment protégés. A partir de là on entre dans le vif du sujet, c’est à dire dans le ventre puant d’un système faisandé, face nocturne d’un pays jadis noble et galant, dont une certaine Sophie, blonde et gracieuse jeunes fille, semble comme le dernier jardin ensoleillé. Rien de lugubre pourtant, contrairement aux romans de Manchettes. Au contraire, grâce à une insolence joyeuse et un mépris libérateur.

 

Au lendemain de sa mort (1er novembre 2004), ADG fit un retour inattendu avec J’ai déjà donné, roman salué par toute la critique. Héritier de quelques siècles de gouaille gauloise, insolente et frondeuse, ADG avait planté entre-temps dans la panse d’une république peu recommandable les banderilles les plus jubilatoires de l’anarchisme de droite.

 

Article de Dominique Venner, paru dans Le Spectacle du Monde de décembre 2011

Source 

 

vendredi, 21 mars 2014

Les Mémoires interrompus de Jean-Claude Valla

Les Mémoires interrompus de Jean-Claude Valla

par Georges FELTIN-TRACOL

 

Jean-Claude_Valla.tiff.pngDécédé le 25 février 2010 à l’âge de 65 ans, Jean-Claude Valla est une figure qui compte dans ce que la médiasphère a improprement appelé la « Nouvelle Droite » puisqu’il en fut l’un des co-fondateurs. Les éditions Alexipharmaque viennent d’éditer ses Souvenirs qui sont des Mémoires inachevés. Rédigé entre les années 1990 et le début de la décennie 2000, cet ouvrage intitulé Engagements pour la civilisation européenne retrace une partie de sa vie.

 

Né en 1944 à Marcigny dans le Sud de la Saône-et-Loire, le jeune Valla est très tôt happé par deux passions qui le tiendront jusqu’à la fin : la politique et la Bourgogne. Lycéen à Roanne, sous-préfecture et deuxième ville de la Loire, il fonde un fantomatique Comité des lycéens roannais pour l’Algérie française au lendemain de la semaine des barricades d’Alger en janvier 1960. Il s’affilie très jeune au mouvement poujadiste et rejoint sa branche juvénile, l’Union de défense de la jeunesse française dont il devient le responsable départemental car unique militant…

 

Il tempère son militantisme poujadiste par une adhésion quasi-charnelle à sa petite patrie qu’est la Bourgogne. Déjà épris d’histoire, Jean-Claude Valla aime sa terre natale. De son enfance passée à Marcigny, il a « conservé un attachement profond à la Bourgogne (p. 19) », particulièrement « la Bourgogne mythique des Nibelungen ou la Bourgogne héroïque du Téméraire (p. 21) ». Ce régionalisme original se concrétise en hiver 1972 par la sortie d’un périodique, Grande Bourgogne, qu’il co-anime avec Pierre Vial. Mais, faute d’audience et de succès, ce numéro n’a pas de suite.

 

Un profil populiste, régionaliste

et nationaliste révolutionnaire précoce

 

Le régionalisme de Valla peut se définir comme culturel et nullement folklorique (au sens désobligeant du terme). Son intérêt pour la politique l’incline aussi vers le nationalisme étatique, rénové et révolutionnaire. Élève dans une classe préparatoire à Lyon afin d’intégrer la « Grande Muette », il rêve en ce temps « d’une armée de type nassérien, capable de prendre le pouvoir lorsque les intérêts du peuple étaient en jeu et d’être le fer de lancer de la nation (p. 43) ». À la même époque, il rencontre un mouvement qui porte une vision nationaliste ardente et actualisée : la F.E.N. (Fédération des étudiants nationalistes) dont les motivations l’attirent, lui qui a « du nationalisme une conception plus dynamique, plus révolutionnaire, et surtout plus ouverte à l’Europe (p. 34).

 

Privilégiant l’activisme aux amphithéâtres universitaires, Jean-Claude Valla devient rapidement une personnalité connue des quelques militants lyonnais de la F.E.N. ainsi que des policiers qui l’arrêtent souvent pour le placer en garde à vue. Le livre contient des anecdotes savoureuses qui rappellent l’abjection permanente de la police du Régime. Remarqué par les instances dirigeantes, il monte à Paris à l’automne 1965, s’occupe de la logistique de la revue Europe Action et devient le factotum de Fabrice Laroche alias Alain de Benoist : « Je lui servais, par exemple, de coursier pour aller chez les éditeurs chercher ses livres en service de presse (p. 70). »

 

Militant dans la capitale des Gaules, Jean-Claude Valla a auparavant animé divers bulletins universitaires spécialisés dont Les Sept Couleurs conçu pour les étudiants en lettres. Sous le pseudonyme de Jacques Devidal, il publie en janvier 1965 un retentissant « Nous, les nationalistes de gauche » qui, malgré une évocation de José Antonio Primo de Riviera, indispose les éternels droitards compassés. Il y estime avec raison que « le nationalisme devait définitivement tourner le dos à la droite conservatrice (p. 49) ». Dans le même temps, ce « nationalisme » soucieux de justice sociale acquiert une autre dimension, au-delà de la simple nation politico-historique : « Nous étions européens, parce que nous étions conscients de la communauté de destin des peuples du Vieux Continent (p. 78). » Déjà s’élaborait instinctivement en lui la riche thématique des trois patries régionale, nationale et continentale complémentaires. Il n’est dès lors guère surprenant qu’il se réfère souvent à quelques figures « solidaristes » ou nationales-syndicalistes comme José Antonio, le Flamand Joris van Severen, les Allemands Ernst von Salomon et Ernst Jünger.

 

Toutefois, au moment où il entame cette rédaction, il revient un peu sur son engagement régional et européen. Il considère ainsi « que l’État-nation est une réalité encore bien vivante. Il m’arrive encore de le regretter, mais c’est ainsi. Des siècles d’histoire ont forgé cette entité. […] certes, après avoir subi pendant deux siècles la dictature des principes abstraits de la Révolution, il n’est pas mauvais que les Français redécouvrent leurs racines régionales et, au-delà de ces racines, prennent conscience de l’héritage culturel qu’ils ont en commun avec les autres Européens. Mais aujourd’hui, c’est notre survie collective qui est menacée, que ce soit par l’immigration, la construction de l’Europe de Maastricht ou l’impérialisme culturel américain. Nous avons un devoir de résistance et ce n’est pas le moment de détruire les dernières digues qui nous restent, aussi vermoulues soient-elles (p. 81) ». Est-ce si certain à l’heure de la post-modernité bouillonnante ?

 

Ces souvenirs incomplets rapportent aussi en trois chapitres la fondation et le développement du G.R.E.C.E. : Valla en fut le premier secrétaire général, le premier titulaire au « Secrétariat Études et Recherches », le premier rédacteur en chef de la revue Éléments et le principal responsable des Éditions Copernic. Sur la chronologie de la création de cette « société d’influence (p. 115) », il réfute le témoignage d’autres cofondateurs tels Maurice Rollet, Chancelier du G.R.E.C.E. Dans sa contribution au Mai 68 de la Nouvelle Droite, Maurice Rollet mentionne une réunion préparatoire en janvier 1968 autour de douze participants dont Valla. Or ce dernier faisait son service militaire en Allemagne à Villingen et était ce jour-là en pleines manœuvres hivernales dans la Forêt Noire. Qui se trompe ? Le témoignage d’autres participants serait éclairant…

 

Dégagé des obligations militaires, Jean-Claude Valla commence une carrière de journaliste pour plusieurs titres dont Valeurs actuelles où officie un ancien dirigeant de la F.E.N., François d’Orcival, devenu atlantiste et méfiant envers ses anciens camarades et dont le parcours professionnel le conduira bien plus tard à l’Institut. Il passe ensuite reporteur à Détective dont il garde un souvenir formateur. « Rien de tel que le fait divers pour former un journaliste, lui apprendre à se débrouiller, à découvrir la vie dans ce qu’elle peut avoir de sordide, à faire preuve de persuasion pour que celui qu’il doit interroger consente à lui ouvrir sa porte (p. 102). »

 

Au contact hebdomadaire de la vieille droite décatie

 

Il relate en outre le lancement du Figaro Magazine et des hostilités inattendues. On apprend que « les rapport entre Le Figaro Magazine et sa maison-mère n’étaient pas bons. […] les deux rédactions […] vivaient retranchées de part et d’autre de la rue du Mail (p. 165) ».

 

Jean-Claude Valla assure la liaison entre les deux titres et va chaque semaine dans le bureau de Max Clos, le directeur du quotidien, afin d’éviter les doublons. Mais, aigri, l’équipe du Figaro reprend les mêmes sujets avec son point de vue ringard au point que Valla est bientôt contraint de leur remettre de faux sommaires… Le succès du Figaro Magazine attise donc la rancœur d’une vieille garde qui « n’en tirait que jalousie et tremblait devant les censeurs de la presse de gauche (p. 166) ». Trente ans plus tard, hormis Thierry Maulnier naguère et aujourd’hui Éric Zemmour, ce journal est toujours le porte-parole d’un Hexagone imbécile, bourgeois, atlantiste et libéral-conservateur ! Quant à Max Clos, ce collectionneur des batailles perdues, il s’est réincarné en Yvan Rioufol dont le bloc-notes du vendredi exprime parfaitement les idées creuses de cette droite stérile dont le sarközysme est la dernière manifestation en date. Valla n’est pas dupe sur le lectorat du Figaro Magazine. « Cette France profonde était probablement trop frileuse pour prendre le risque d’un véritable affrontement. Aujourd’hui encore, elle prête une vieille complaisante aux marchands de sable du R.P.R. et de l’U.D.F. Cocue, mais toujours contente (p. 30). » Les récentes et gigantesques manifestations contre le mariage inverti et la politique gendériste de rejet des valeurs familiales confirment ce jugement sévère. Un certain dimanche 2013, les manifestants auraient pu occuper la « plus belle avenue du monde » et marcher sur l’Élysée, Flamby finissant alors comme un simple Ben Ali… Par couardise et légalisme naïf, ils ont rejeté cette possibilité dangereuse pour se donner à une U.M.P. encore plus nocive que son frère jumeau, le P.S. À ce public-là de Hexagons (Hexacons ?) catho bien élevés, on se doit de préférer un autre public, plus hardi, plus organisé, plus violent.

 

Malgré quelques critiques, il faut aussi regretter que Jean-Claude Valla ne fasse pas le bilan complet de l’entreprise métapolitique à laquelle il a étroitement participée. Il évoque en trois pages le cas du Club de l’Horloge qui, au départ, « ne s’adressait théoriquement qu’à de hauts fonctionnaires ou à des étudiants qui se destinaient à l’École nationale d’administration (E.N.A.) (p. 129) ». S’il revient sur les causes de la séparation entre ce club de pensée, créé par deux grécistes, Yvan Blot et Jean-Yves Le Gallou, et le G.R.E.C.E., Valla ne s’y attarde guère, peut-être parce que les deux stratégies employées (la métapolitique dans la sphère culturelle par l’entrisme dans le journalisme ou la parapolitique dans la sphère politicienne par l’entrisme dans des partis politiques) ont largement échoué. On peut même craindre que le « gramscisme technologique » suive un destin identique. Internet est un outil susceptible de favoriser un pseudo-activisme du clavier qui est une nouvelle forme de passivité militante. Les nouvelles techniques d’information et de communication ne remplacent pas le militantisme de rue.

 

Outre une différence d’ordre sociologique (le G.R.E.C.E. s’adresse à des journalistes, des enseignants et des étudiants tandis que le Club de l’Horloge cherche surtout de futurs hauts fonctionnaires), d’autres divergences majeures ont fait bifurquer sur des voies distinctes deux structures à l’origine proches :

 

— une divergence idéologique à propos du libéralisme, combattu par les grécistes et adapté dans un discours conservateur et national par les « horlogers »;

 

— une divergence géopolitique : le Club de l’Horloge soutient assez vite l’Occident et son fer de lance, les États-Unis d’Amérique, tandis que le G.R.E.C.E. prend dès le début de la décennie 1980 des positions neutralistes, tiers-mondistes et tiercéristes;

 

— une divergence politique avec le soutien gréciste à l’Europe impériale alors que les membres les moins anti-européens du Club de l’Horloge défendent au mieux une coopération intergouvernementale assez lâche;

 

— une divergence religieuse qui, avec la question du libéralisme, demeure un point déterminant d’achoppement. Alors que le G.R.E.C.E. n’a jamais caché son paganisme, le Club de l’Horloge défend pour le moins un christianisme catholique d’ailleurs bien affadi par l’Église conciliaire.

 

Par ailleurs, cet ouvrage comporte, hélas !, quelques règlements de compte propres au genre. Ainsi Roland Gaucher est-il qualifié de « roi de l’approximation (p. 70) ». Jean-Claude Valla se soucie de la souplesse intellectuelle d’Yvan Blot dont l’« évolution […] pouvait paraître plus inquiétante (p. 131) ». Finalement, il se « félicite aujourd’hui que son ralliement au Front national lui ait permis de retrouver sa liberté intellectuelle et de renouer sans honte avec ses vieux amis (p. 132) ». C’était bien sûr avant 1998…

 

Saluant au passage la personnalité bien oubliée de Louis Rougier, Jean-Claude Valla se montre en revanche fort critique envers Guillaume Faye. On est surpris qu’il regrette que « le G.R.E.C.E. soit devenu après mon départ, et en grande partie sous l’influence de Guillaume Faye, beaucoup plus monolithique et trop souvent prisonnier de la langue de bois (p. 126) ». Jugement abrupt et maladroit quand on consulte l’ensemble des travaux produits entre 1979 et 1986. On aurait plutôt apprécié lire une explication pertinente sur cette tentative avortée d’union (en fait absurde, voire insensée) entre des modérés libéraux et des révolutionnaires de droite dans le cadre de l’Alternative pour la France, cette entente illusoire du feu et de l’eau.

 

Du journaliste d’influence à l’historien de combat

 

Les souvenirs de Jean-Claude Valla s’arrêtent à son éviction du Figaro Magazine. Il tente ensuite l’aventure de Magazine Hebdo, vaincue par la complicité tacite de la gauche morale subventionnée et la pitoyable droite affairiste. Il en restera un bulletin confidentiel d’informations politiques, La Lettre de Magazine Hebdo. Au milieu des années 1980, Jean-Claude Valla va ensuite reprendre le titre d’une revue d’Emmanuel Berl de l’Entre-Deux-Guerres, Marianne (sans rapport avec le magazine éponyme fondé par de pseudo-rebelles…). Ce Marianne-là ne trouvera pas non plus son lectorat.

 

Valla rejoint un temps la rédaction de Minute. Puis, à partir du n° 29 de mai 1990, il entre au Choc du Mois, d’abord comme éditorialiste, puis comme chroniqueur impertinent dans la rubrique du « Carnet de voyage en Absurdie ». Il quitte Le Choc du Mois à son n° 60 de janvier 1993,pour prendre la direction de Minute. Certes, « Jacques Devidal » intervient encore dans le n° 65 de juin 1993 du Choc.

 

L’actualité va bientôt l’inciter à abandonner son habit de journaliste pour revêtir celui de l’historien rebelle. La scandaleuse affaire Touvier le révulse : il n’hésite pas à s’investir en faveur de l’ancien milicien et en tire en 1996 une contre-enquête remarquable. Auteur d’une biographie sur Doriot chez Pardès, il lance des Cahiers libres d’histoire qui examinent régulièrement un pan méconnu de la Seconde Guerre mondiale. En outre, à une époque où la liberté d’expression historique n’était pas encore pénalisée par des lois liberticides, il ne cachait pas son révisionnisme.

 

Véritable « contre-historien » qui va à l’encontre des vérités officielles judiciairement établies, il écrit dans deux publications successives d’un vieux compagnon de route, Dominique Venner : Enquête sur l’histoire, puis La Nouvelle Revue d’Histoire. Hors de tout cursus universitaire et académique – le jeune Valla n’a jamais passé le moindre examen -, il devient sur le tard un historien percutant, à mille lieux des dociles caniches de l’Alma mater.

 

Cet ouvrage posthume éclaire une partie de l’existence de la fameuse « Nouvelle Droite » mais son histoire intellectuelle reste toujours à faire.

 

Georges Feltin-Tracol

 

• Jean-Claude Valla, Engagements pour la civilisation européenne. Souvenirs, préface de Michel Marmin, Alexipharmaque, coll. « Les Réflexives », 2013, 191 p., 19 €. (B.P. 60 359, 64 141 Billère C.E.D.E.X.).

 


 

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

 

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mardi, 11 mars 2014

Ukraine: Understanding the Russian Position

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Ukraine:
Understanding the Russian Position

By Guillaume Faye 

Ex: http://www.counter-currents.com

Translated by Greg Johnson

The events in the Ukraine have a single cause. The whole thing was triggered by the European Union’s proposal of a commercial and economic association as a prelude to Ukraine’s entry into the EU and NATO. The now fallen President Yanukovych accepted this proposal because of the financial situation of his country.

The Russians could only see this as a provocation, i.e., an attempt to move Ukraine from the Russian sphere of influence and align it with the EU-US duo. The Russians then made ​​a counter-proposal of financial assistance to Ukraine. The Ukrainian government caved in and terminated the agreement with Europe in favor of the Kremlin proposal.

This was the beginning of the explosion, of the revolt led by Ukrainian nationalists, who are anti-Russian and “pro-European,” according to the journalistic vocabulary. After riots that killed about 150 people (much fewer than in the clashes in Northern Ireland),[1] what the Russians call a “coup” took place. The Ukrainian Parliament (Rada) returned and removed Vikor Yanukovych, who had been elected by universal suffrage, it is true, although this has never mattered much to the Kremlin.

Russia obviously exploited these events to regain control of the Crimea, ceded to the (purely symbolic) Soviet Republic of Ukraine by Nikita Khrushchev in 1954 and mainly populated by Russian speakers. The geopolitical reality is most compelling, and Putin’s reaction is quite understandable — although he oversteps international law — since the Russian fleet is stationed in South Sebastopol. The Kremlin can not strategically allow Ukraine, which was the cradle of Russia and includes Russophiles and Russian speakers in the East and the South, to fall into the “Western camp,” which for Putin means the EU-NATO ensemble under American influence.

It is clear that Yanukovych was a satrap and an autocrat, but no more so than 60% of the leaders of the world. And his regime (and Russia’s) do not approach the despotism observed in China, Venezuela, and many countries in Asia, Africa, and the Muslim world, with which the “free world” — the smug defenders of the Rights of Man — maintain the best of relations.

The presentation of the Ukrainian affair by Western politicians and media (including the buffoon Bernard-Henri Lévy) as a struggle for democracy is completely wrong. It arises from geostrategic interests within a country divided between a pro-Russian and Russian-speaking East and an anti-Russian, pro-European population in the West. A tragic situation in the heart of Europe that should not have been exacerbated.

In this regard, the European Union has been irresponsibly provocative, kicking an anthill, by offering Ukraine eventual membership.[2] Likewise, the Ukrainian parliament, after the establishment of the new interim regime, voted to abolish Russian as an official language in a partly Russian-speaking country, which is hardly evidence of democracy. That delivered Putin a pretext on a silver platter. He has accused the new regime, which is illegal in his eyes, of nationalism and “fascism” and threatening the security of Russian speakers, who look to Russia for protection.

But worst of all is the impudent reaction of the U.S. government. President Obama and Secretary of State John Kerry (with whom are aligned the French Socialists who are now more Atlanticist than Chirac and the Sarkozyite Right) threatened Russia with economic sanctions and exclusion from the G8, accusing her of violating international law and the UN Charter in her military intrusion into a sovereign country. Kerry spoke of the “invasion and occupation of Ukraine.” He said: “In the 21st century, you should not behave like in the 19th century by invading another country.”

The Secretary General of NATO, Anders Fogh Rasmussen, added to the provocation (what does NATO have to do with it anyway?), saying: “Russia’s actions in Ukraine violate the principles of the UN Charter. This threatens the peace and security in Europe. Russia must stop its military threats and activities.”

What incredible gall . . . The United States invaded Iraq under a false pretext without a UN mandate; they cheerfully violated the Charter, leaving a chaotic situation; and they presume to preach to Russia. The mind boggles. This nervousness is also explained by Russian slap in the West’s face over Syria.

An important point should be noted: unlike socialist France, which is aligned with Washington,[3] Germany’s Merkel has adopted a “Gaullist” position as the best interlocutor of Russia, the most likely to negotiate the crisis. Frank-Walter Steinmeier, Foreign Minister, has rejected the U.S. proposal to exclude Russia from the G8, a realist position, unlike that of the Quai d’ Orsay, Foreign Office, and U.S. State Department.

We can draw only tentative conclusions, because the Ukrainian crisis is not over.

1. It is a pity that such a conflict broke out in Europe between Europeans of the same stock (i.e., Slavic cousins), while a non-European colonial invasion, as we know, is well underway. This is reminiscent of the civil war in Northern Ireland. We tear into one another while our real enemies are completely different.

2. Ukraine is probably not a viable country in the medium term. Its partition, with Russia annexing the East and South, is both politically obvious and an insurmountable problem for international law. It is a matter of the doctrine of nationalities at the foundation of international law. Ukraine will break up sooner or later. Morality always yields to facts. Cedat lex reibus.

3. The Ukrainian crisis will revive the Cold War against Russia, which is a terrible mistake.

4. So-called “pro-European” Ukrainians have no idea of what will happen if they join the European Union: uncontrollable immigration far worse than the imagined Russian menace, loss of border controls, and partial loss of sovereignty.

Notes

1. No serious investigation has determined who was responsible for the deaths, nor who were the snipers who killed protesters. The responsibility of the Yanukovych regime is not proven. The Western media have not identified the shooters.

2. The entry of Ukraine into the EU would be an economic headache. Dangling that possibility was part of a political maneuver that the Kremlin interpreted as a provocation.

3. Mr. Hollande was received like the king of the Moon by Obama in Washington (state visit) and was totally bamboozled. Flattered like a poodle, he wanted to improve his image but did not understand the script: put France on the road to Atlanticism just when Germany steps off and enters a major economic partnership with Russia.

Source: http://www.gfaye.com/ukraine-comprendre-la-position-russe/ [3]

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2014/03/ukraine-understanding-the-russian-position/

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[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2014/03/kiev_protest_rtr_img_61.jpg

[2] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2014/03/poochweiler.jpg

[3] http://www.gfaye.com/ukraine-comprendre-la-position-russe/: http://www.gfaye.com/ukraine-comprendre-la-position-russe/

 

mercredi, 05 mars 2014

Ukraine: comprendre la position russe

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Ukraine: comprendre la position russe

par Guillaume Faye

Ex: http://www.gfaye.com

Les ”événements” d’Ukraine ont une origine : c’est la proposition de l’Union européenne d’une association commerciale et économique, prélude à une entrée de l’Ukraine dans l’UE puis dans l’OTAN, qui a tout déclenché. Le président Ianoukovitch (aujourd’hui déchu) a accepté cette proposition, du fait de la situation financière de son pays. Le pouvoir russe ne pouvait que réagir à ce qu’il ressentait comme une provocation, c’est-à-dire faire sortir l’Ukraine de sa sphère d’influence pour l’arrimer à l’Occident, le binôme UE-USA. Les Russes ont alors fait une contre-proposition d’aide financière à l’Ukraine. Le gouvernement ukrainien a cédé et dénoncé l’accord avec l’Europe, pour se retourner vers la proposition du Kremlin.

Ce fut là l’amorce de l’explosion, de la révolte, pilotée par le nationalisme ukrainien anti-russe et ”pro-européen”, selon le vocabulaire journalistique. Au terme d’émeutes qui ont fait environ 150 morts (niveau très inférieur aux anciens affrontements d’Irlande du Nord) (1), ce que les Russes appellent un coup d’État a été opéré. Le parlement ukrainien (Rada) s’est retourné et a destitué V. Ianoukovitch, qui avait pourtant été élu au suffrage universel, mais qui, il est vrai, n’a jamais été apprécié par le Kremlin.  

La Russie profite évidemment de ces événements pour reprendre le contrôle de la Crimée, cédée à la république soviétique d’Ukraine (geste purement symbolique) par Nikita Krouchtchev en 1954 et peuplée majoritairement de russophones. La réalité géopolitique est la plus forte et la réaction de Poutine est très compréhensible –  bien qu’il outrepasse la légalité internationale – puisque la flotte russe du Sud est stationnée à Sébastopol. Le Kremlin ne peut pas, stratégiquement, admettre que l’Ukraine, dont l’est et le sud sont russophones et russophiles et qui fut le berceau de la Russie, tombe dans le ”camp occidental”, c’est-à-dire pour Poutine, l’ensemble UE-Otan sous influence américaine.  

Il est certain que M. Ianoukovitch était un satrape et un autocrate, mais pas plus que 60 % des dirigeants des pays du monde. Et son régime n’avait rien à voir (comme d’ailleurs celui de la Russie) avec les despotismes qu’on observe en Chine, au Venezuela, dans maints pays d’Asie, d’Afrique ou arabo-musulmans, avec lesquels le ”monde libre” autosatisfait, celui des Droits de l’homme, entretient les meilleures relations. La présentation par les politiciens et les médias occidentaux de l’affaire ukrainienne comme un combat pour la démocratie (avec toujours BHL qui vient faire le clown aux premières loges) est complètement erronée. Il s’agit d’enjeux géostratégiques au sein d’un pays, l’Ukraine, coupé en deux entre une population pro-russe et russophone et une population anti-russe et pro-occidentale. Une situation tragique au cœur de l’Europe, qu’il ne fallait surtout pas envenimer.

À cet égard, l’Union européenne a joué un rôle de provocatrice irresponsable, donnant un coup de pied dans la fourmilière, en proposant à l’Ukraine une adhésion à terme (2). De même, le parlement ukrainien, retourné, après l’établissement du nouveau régime provisoire, a voté la suppression du russe comme langue officielle dans un pays en partie russophone, ce qui ne constitue pas vraiment une preuve de démocratie. Voilà qui a apporté sur un plateau d’argent des arguments à M. Poutine : ce dernier accuse le nouveau régime, illégal à ses yeux,  de nationalisme et de ”fascisme” et aussi de menacer la sécurité des russophones dont la Russie se veut la garante.     

Mais le pire est l’impudence de la réaction du gouvernement  américain. Le président Obama et le secrétaire d’État John Kerry  (sur lesquels  se sont alignés les socialistes français, devenus encore plus atlantistes que la droite chiraquienne et sarkoziste) ont menacé la Russie de sanctions économiques et de l’exclure du G8 en lui signalant qu’elle violait le droit international et la Charte de l’ONU par son intrusion militaire dans un pays souverain.  M. Kerry  a parlé de l’ « invasion et de l’occupation de l’Ukraine ». Il a déclaré : « au XXIe siècle, vous ne devriez pas vous comporter comme au XIXe siècle en envahissant un autre pays. »  Le secrétaire général de l’Otan,  Anders Fogh Rasmussen, comme pour ajouter à la provocation (qu’est-ce que l’Otan, après tout, vient faire là-dedans ?) a précisé : « ce que fait la Russie en Ukraine viole les principes de la Charte des Nations unies. Cela menace la paix et la sécurité en Europe. La Russie doit cesser ses activités militaires et ses menaces »

Quel invraisemblable culot…Les Etats-Unis ont envahi l’Irak sous un prétexte mensonger sans aucun mandat de l’ONU, dont ils ont allègrement violé la Charte, en y laissant une situation de chaos, et ils se permettent de donner des leçons à la Russie. On croit rêver. Cette nervosité occidentale s’explique aussi par la claque diplomatique prise par les chancelleries sur l’affaire syrienne face à la Russie.

Un point important mérite d’être remarqué : à l’inverse de la France socialiste qui s’aligne sur Washington  (3), l’Allemagne de Mme Merkel adopte une position ”gaullienne” et s’impose comme la meilleure interlocutrice de la Russie, la plus apte à négocier la sortie de crise. M. Frank-Walter Steinmeïer, ministre des Affaires étrangères, a rejeté la proposition américaine d’exclure la Russie du G8, position réaliste, opposée à celle du Quai d’Orsay, du Foreing Office et du secrétariat d’État américain. 

On peut tirer de tout cela des conclusions provisoires, parce que la crise ukrainienne n’est pas terminée.

1) Il est vraiment dommage que tels conflits éclatent en Europe, entre Européens de même souche (en l’occurrence entre Slaves apparentés) alors qu’une invasion colonisatrice, extra-européenne, que nous connaissons bien, a déjà commencé.  Cela fait penser à la guerre civile d’Irlande du Nord. On s’écharpe entre nous alors que nos ennemis réels sont tout autres.

2) L’Ukraine n’est probablement pas un pays viable à moyen terme. Sa partition, avec le rattachement de l’est et du sud à la Russie est à la fois une évidence politique et un problème insurmontable pour l’ordre international.  C’est toute la question de la doctrine des nationalités qui fonde le droit international public. L’Ukraine éclatera, tôt ou tard. Le droit cède toujours devant les faits. Cedat lex reibus.

3) Cette crise ukrainienne  va relancer la guerre froide contre la Russie, ce qui est une erreur dramatique. 

4) Les Ukrainiens qui se disent ” pro-Européens”  n’ont aucune idée de ce qui les attend s’ils adhèrent à l’Union européenne : une immigration incontrôlable bien pire que la menace russe fantasmée, une perte des protections frontalières et d’une partie de la souveraineté. 

NOTES

(1) Aucune enquête sérieuse n’a déterminé qui étaient les responsables des morts, ni qui étaient les snipers (tireurs solitaires) qui ont tué des manifestants. La responsabilité du régime de Ianoukovitch n’est pas établie. Les médias occidentaux n’ont jamais identifié les tireurs.

(2) L’entrée de l’Ukraine dans l’UE serait un casse-tête économique. Faire miroiter cette possibilité relevait d’une manœuvre politique, que le Kremlin a interprétée comme une provocation.

(3) M. Hollande a été reçu comme un roi de la Lune à Washington par M. Obama (visite d’État) et s’est fait totalement embobiner. Flatté comme un caniche, il voulait redorer son blason mais n’a rien compris au film : remettre la France dans le droit chemin de l’atlantisme au moment où l’Allemagne s’en détache et vise un partenariat  économique majeur avec la Russie.

Théorie du genre, obsession sexuelle, perversité et pédophilie

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Théorie du genre, obsession sexuelle, perversité et pédophilie

On a tout dit sur l’offensive ”sociétale” de l’État PS à propos de l’infusion en douceur à l’école de la délirante théorie du genre, sous couvert d’enseigner les ABCD de l’égalité hommes-femmes, programme mis en place dans 600 classes primaires (voir autres articles de ce blog). Cette offensive, observable aussi dans d’autres pays européens, notamment scandinaves, est, on le sait, étroitement coordonnée avec la propagande du féminisme gauchiste – dont les Femen font partie –, avec l’agit-prop des lobbies LGBT (lesbiennes, gays, bisexuel(le)s et transsexuel(le)s), avec l’instauration du mariage homo ; sans oublier les propositions de banaliser et de faciliter encore l’avortement, en punissant même ceux qui dissuadent les femmes de le pratiquer. Bien entendu, il s’agit d’un dispositif idéologique global, de nature nihiliste et anti-identitaire qui, sous couvert d’égalité et de justice, vise à conformer la société à un modèle utopique et soft-totalitaire, en détruisant les références culturelles. Et ce, dès la petite enfance.

Ne revenons pas sur ce point mais examinons plutôt un autre aspect de cette entreprise, peu repéré par les commentateurs : l’obsession et la perversité sexuelles qui apparaissent, dissimulées ou au grand jour, chez les promoteurs de toute cette propagande. Cette obsession pathologique se manifeste dans les livres pour enfants que certains éditeurs proposent avec la bénédiction de l’Éducation nationale, en dépit des dénégations mensongères de M. Peillon et de Mme Vallaud- Belkacem, tous deux habitués au travestissement de la réalité en bons militants gauchistes-bourgeois. Quelques exemples édifiants de cette littérature illustrée pour enfants, qui vise à distiller la théorie du genre, en « déconstruisant les stéréotypes », selon le jargon de l’Inspection d’académie :

Dans le livre Jean a deux mamans, Jean, le louveteau, a deux mères (sous entendu homosexuelles) Maman Jeanne et Maman Marie. Et ils « se font des câlins tous les trois ». Dans l’album Les Chatouilles, deux enfants, frère et sœur, se dénudent et se font des « guilis-guilis », se lèchent ; la petite fille déculotte son frère et lui chatouille les fesses (pas les aisselles, évidemment). Un adulte arrive dans la pièce et les deux enfants font mine de dormir. Dans Mademoiselle Zazie a-t-elle un zizi ?, on sent le vif intérêt de l’auteur adulte pour les parties génitales des enfants. Le sommet est atteint avec Tous à Poil (que Jean-François Copé a osé critiquer, en s’attirant les foudres de Mme Vallaud-Belkacem) où l’on montre aux enfants, en couleur et de manière réaliste, des adultes (enseignants, policiers, etc.) en train de se dévêtir et de s’exhiber. Ce dernier album révèle chez ses auteurs (qui prétendent vouloir illustrer l’ ”égalité”), une pathologie libidinale bien connue des psychiatres : l’exhibitionnisme adulte devant les enfants.

On peut repérer, dans ces textes illustrés, une part de propagande homosexuelle grossière, (sous prétexte de détruire les préjugés sexistes !) mais surtout, s’exprime un voyeurisme sexuel de malades (avec références positives à l’inceste), empreint d’évidentes obsessions pédophiles. Mettre de tels ouvrages entre les mains d’enfants de 3 à 10 ans, avec la complicité d’une Éducation nationale devenue folle, et contre l’avis de l’opinion générale, relève d’un lavage de cerveaux. Dès l’école primaire, en prétendant enseigner l’égalité  filles/garçons (1), on va entretenir les enfants d’homosexualité et de pratiques sexuelles – avec de quasi cours d’ ”éducation” sexuelle”, à un âge où ils ont à la fois malléables et nubiles, et ce, hors de tout contrôle des parents.

Donc, en réalité, il n’y a pas que des objectifs idéologiques derrière l’offensive masquée des lobbies homos et féministes gauchistes (en réalité pseudo-féministes) et pro-genre ; on repère aussi des motivations pathologiques de nature sexuelle. Ce sont d’ailleurs sans doute les plus importantes. Parler de sexe et de ”zizi” aux enfants excite prodigieusement tout ce petit monde. Ce petit monde (tous de gauche, bien sûr) dont les intentions sont doucement perverses derrière de nobles motivations morales d’égalité et de parité, ne rêve que d’une chose : le sexe, les enfants, les pré-adolescents. Ils politisent et légitiment par l’idéologie leurs fantasmes et leurs lubies.

Je soutiens que les promoteurs offensifs de ces ”enseignements” sont en réalité au service de l’assouvissement, non pas d’une cause, mais de leur propre libido désaxée. On eut légitimement soupçonner les associations homos et LGBT qui font, grâce à l’Éducation nationale, des interventions en milieu scolaire, sous prétexte de non-discrimination sexuelle, de vouloir ”recruter de la chair fraîche”. C’est-à-dire de chercher à convertir les pré-adolescents – dont le psychisme est encore indécis et malléable – à l’homosexualité pour les faire entrer dans le cheptel  homosexuel.  Il y a aussi, de la part des hétérosexuels qui participent  à cette offensive une très louche configuration pédophile. (2)

Résumons cette entreprise de filous. Dans l’élaboration de ces livres pour enfants (comme dans diverses autres initiatives d’intervention en milieu scolaire), on trouve à la fois un calcul des milieux homos et LGBT très influents et une sorte de masturbation mentale pédophile et perverse en provenance de malades qui sont, aussi, des hétérosexuels. Parler de sexe aux enfants et aux pré-adolescents, quelle excitation ! Surtout si l’on est protégé par le mammouth étatique et syndicaliste de l’ Éducation nationale.

Une Éducation nationale qui n’enseigne plus les fondamentaux, qui laisse la violence s’installer à l’école, qui produit la plus forte proportion d’illettrés de toute l’Europe, qui instaure l’école discriminatoire à deux vitesses (le privé de qualité pour les uns, le public bas de gamme pour les autres) en piétinant les principes de l’école républicaine sélective et sociale de Jules Ferry, et ne trouve rien de mieux  pour redorer son blason que d’enseigner la sexualité aux enfants. Et pas n’importe laquelle : celle des déviances et obsessions de lobbies minoritaires. Apprenez aux enfants à lire, à écrire et à compter, enseignez-leur la grammaire, l’histoire, la géographie. Et cessez de les entretenir  (je vais être vulgaire, désolé) d’histoires de cul.

Tout ce débat autour de l ‘ ”orientation sexuelle” où l’on veut déviriliser les garçons et masculiniser les filles tout en les rendant incultes, est issu du cerveau déjanté de barbons déviants et de vieilles filles délaissées.

Notes:   

  1  D’un point de vue éducatif, la mixité dans l’enseignement primaire et secondaire est contre-productive, du fait de la complexion mentale différente des deux sexes.  

 2.  Voir mon essai  Sexe et Dévoiement paru aux Éditions du Lore.